Conditions préalables et début d’une guerre russo-ukrainienne à grande échelle

Nous enregistrons les événements clés de chaque mois de la guerre à grande échelle déclenchée par la Russie. Nous nous souvenons de ce qui s’est passé sur tous les fronts – sur la ligne de front, à l’arrière et sur la scène internationale.

Avertissement : cette chronologie est une liste d’événements clés qui, à notre avis, ont influencé la vie de tous les Ukrainiens. Nous ne nous sommes pas fixé pour objectif de créer des annales, car il est actuellement encore dangereux de rendre public beaucoup d’informations, et nous aurons encore beaucoup à apprendre après notre victoire.

Les Ukrainiens décrivent la guerre en cours comme « une phase à grande échelle de la guerre russo-ukrainienne qui dure depuis plus de quatre siècles. » Il y a beaucoup de vérité dans cette déclaration. En effet, les Ukrainiens ont survécu pendant des siècles à l’occupation russe, au sein de l’Empire russe, puis de l’Union soviétique. Depuis 1991, date à laquelle l’Ukraine a obtenu son indépendance, les autorités russes ont cherché à la maintenir dans la zone de leur influence politique, économique et culturelle.

Nous rappelons les événements qui ont précédé l’invasion à grande échelle par la Fédération de Russie, le 24 février 2022, pour souligner que la confrontation armée a commencé il y a plus de 8 ans.

Le début

L’occupation de la Crimée en 2014. Février–avril

20 février

La Verkhovna Rada d’Ukraine considère ce jour comme le début de l’occupation temporaire de la péninsule de Crimée et de Sébastopol.

Des individus armés sans signes d’identification apparaissent sur le territoire de la péninsule de Crimée. Plus tard, le président de la Russie admet qu’il s’agissait en fait de militaires russes. Ils occupent la Verkhovna Rada de Crimée, l’aéroport de Simferopol, la ligne de ferry de Kerch ainsi que d’autres lieux d’importance stratégique.

26 février

Des milliers de Tatars de Crimée, d’Ukrainiens et de représentants d’autres nationalités se rendent au Conseil Suprême de la République de Crimée à l’appel de l’Assemblée des Tatars de Crimée pour résister à l’occupation russe et soutenir l’intégrité de l’Ukraine. C’est pourquoi, depuis 2020, on célèbre ce jour-là la Journée de la résistance à l’occupation de la Crimée.

16 mars

Les autorités de la Fédération de Russie organisent un « référendum » qui n’est pas reconnu par la plupart des pays du monde. Deux jours plus tard, elles rattachent la Crimée à la Fédération de Russie. C’est ainsi que la Russie occupe la péninsule et procède à son annexion illégale. Pendant des années, elle tente en vain de légaliser cette action.

En raison de l’annexion de la Crimée, l’UE va imposer des sanctions (interdiction d’importer des marchandises de Crimée vers l’UE, ainsi que des investissements infrastructurels ou financiers, des services touristiques de Crimée, ainsi que l’exportation de certains biens et technologies pour les entreprises de Crimée), qui ont été prolongées jusqu’en 2023, mais cela n’arrêtera pas la Russie sur le chemin de la conquête de territoires. Les autorités du pays agresseur qualifieront l’occupation temporaire de la Crimée de “rétablissement de la justice historique”, faisant appel au mythe absurde des “nations fraternelles”, alors qu’en réalité elles ont commis une violation flagrante du droit international

L’occupation russe deviendra pour la Crimée une période d’isolement économique, de violation des droits de l’homme (en particulier de la population indigène – les Tatars de Crimée) et marquera la transformation de la péninsule balnéaire en une base militaire et en un tremplin pour de nouvelles offensives.

Depuis le début du mois de mars 2014, dans les régions du sud et de l’est de l’Ukraine, les services spéciaux russes organisent des rassemblements pour faire adhérer ces territoires à la Russie. Dans le même temps, les forces pro-ukrainiennes organisent des rassemblements pour soutenir l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Des militants commencent à s’emparer de bâtiments administratifs dans l’est de l’Ukraine. De soi-disant « républiques populaires » sont proclamées à Donetsk et à Louhansk.

Les autorités ukrainiennes lancent une opération antiterroriste dans l’Est (depuis 2018, elle s’appelle Opération des forces unies).

Mai-août 2014. Invasion des régions de Donetsk et Louhansk

Les combats acharnés se poursuivent. Les forces armées ukrainiennes mènent un certain nombre d’opérations réussies pour libérer les territoires temporairement capturés par les militants russes : Marioupol, Sloviansk, Kramatorsk, Druzhkivka, Kostiantynivka, et d’autres.

17 juillet

En utilisant le système de missiles antiaériens Buk-M, les Russes abattent l’avion de ligne Boeing 777 du vol MH17 entre Amsterdam et Kuala Lumpur. Les 298 passagers décèdent. Cet acte terroriste n’est malheureusement pas le dernier crime de guerre commis par la Fédération de Russie, dont les autorités, comme on peut s’y attendre, ne reconnaissent pas leur responsabilité dans ce qui est commis. Le procès de cette affaire est toujours en cours.

L’armée russe déploie des unités régulières de ses forces armées et arrête la contre-attaque des militaires ukrainiens. La tragédie d’Ilovaïsk ou le “chaudron Ilovaïsk” en est l’illustration. De violents combats qui durent presque un mois (du 6 au 29 août), et des centaines de défenseurs ukrainiens qui meurent dans l’encerclement ou sont faits prisonniers.

Les accords de Minsk sont une tentative de régler (en fait de geler) ce conflit conclus par la médiation de l’Allemagne et de la France. En conséquence, la « phase chaude » de la guerre est en partie arrêtée et une ligne de démarcation est établie.

Dans le même temps, les troupes russes et leurs combattants mercenaires continuent à bombarder quotidiennement les positions des militaires ukrainiens. Le début de l’année 2015 est marqué par la défense de l’aéroport de Donetsk par les militaires ukrainiens, ainsi que par les batailles pour Debaltseve.

Années 2015-2020. La guerre dans l’est de l’Ukraine continue

Sur le front oriental de l’Ukraine, c’est une période de combats réguliers.

En 2018, la Russie construit un pont routier dans le détroit de Kertch, reliant son territoire à la péninsule de Crimée. Les navires russes commencent à retenir illégalement les navires à destination des ports ukrainiens dans la mer d’Azov (c’est-à-dire que la Russie a établi un blocus naval). En novembre, trois navires de la marine ukrainienne – deux bateaux d’artillerie “Berdyansk” et “Nikopol” et le remorqueur de raid “Yana Kapu” – ont été arrêtés, attaqués et capturés par les Russes. En conséquence, 23 marins ont été capturés (ils ont pu rentrer chez eux près d’un an plus tard).

En mars 2015, selon l’ONU, plus de 2 millions de citoyens ukrainiens ont été contraints de quitter leur foyer à la suite de l’agression russe(la majorité sont devenus des personnes déplacées à l’intérieur du pays).

Au 31 janvier 2021*, les pertes humaines totales dans la guerre russo-ukrainienne s’élèvent à plus de 7 000 morts et environ 19 000 Ukrainiens blessés (civils et militaires).

Escalade. La Russie se prépare à une invasion à grande échelle de l’Ukraine

La nouvelle étape de la longue guerre russo-ukrainienne, qui a commencé en 2014, a débuté en mars 2021.La Russie a alors commencé à se préparer ouvertement à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Ce retrait des troupes et ce “bruit d’armes” près de la frontière avec l’Ukraine ont mis à mal les relations internationales de la Fédération de Russie avec l’Occident. A l’ordre du jour des politiciens et experts militaires il y avait le sujet d’une probable guerre. La confrontation entre les pays de l’Ouest et la Russie depuis 2018 (le temps de l’invasion de la Géorgie) est nommée la Nouvelle ou la Deuxième guerre froide. L’année 2021 est ainsi devenue l’une des périodes les plus intenses de cette guerre.

Printemps 2021. La Russie amasse du matériel à la frontière ukrainienne

La Russie concentre beaucoup de forces militaires près des frontières de l’Ukraine. Elle les retire partiellement jusqu’à l’été, mais les concentre à nouveau à l’automne.

30 mars

La Verkhovna Rada de l’Ukraine réunie en assemblée extraordinaire approuve la demande d’escalade du conflit armé russo-ukrainien, c’est-à-dire que le gouvernement reconnaît officiellement que le pays se trouve en état de guerre avec la Russie.

Été 2021. L’essai pseudo-historique de Poutine

En juillet

Le président de la Russie, “grand historien”, Poutine a publié un essai “Sur l’unité historique entre les Russes et les Ukrainiens”, dans lequel il a de nouveau exprimé l’idée que les Russes et les Ukrainiens ne sont “qu’un seul peuple”. Plus tard, l’historien américain Timothy Snyder, spécialisé dans l’étude de l’histoire de l’Europe de l’Est du XXe siècle, a qualifié les idées de Poutine d'”impérialisme”.

Soit dit en passant, les thèses de Poutine, que toute personne instruite pourra facilement critiquer ou du moins reconnaître comme absurdes, sont l’une de ses stratégies pour convaincre les Russes de l’exceptionnalisme de la Russie en tant que néo-empire, de la “pourriture” de l’Occident et de son succès en tant que leader du plus grand pays du monde. Il utilise constamment cette rhétorique année après année, déstabilisant la situation géopolitique en Europe.

27 juillet

Le président de l’Ukraine Volodymyr Zelenskyi a nommé Valeriy Zalougnyi comme Commandant en chef des forces armées ukrainiennes. Dès les premiers jours de la grande guerre, Valeriy Zalougnyi est devenu l’une des personnalités les plus respectées parmi les Ukrainiens. Beaucoup de mèmes et de marchandise avec ses photos apparaîtront, il inspirera les auteursde chansons. Il y a une chanson populaire, qui décrit le succès du commandant en chef des forces armées ukrainiennes dans la coordination de la résistance aux envahisseurs.

Octobre-novembre 2021. Retrait répété des troupes russes à la frontière de l’Ukraine

L’Ukraine reçoit 4 lots d’aide militaire et technique des Etats-Unis dans le cadre de l’augmentation d’une potentielle attaque de la Fédération de Russie. Il s’agit de trousses de premiers secours de l’armée, d’équipements de surveillance radar, de systèmes de missiles guidés antichars Javelin, de munitions, etc.

30-31 octobre

Lors de la réunion des dirigeants du G20 à Rome, le président américain Joe Biden a partagé des renseignements avec les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne sur une attaque potentielle de la Russie contre l’Ukraine. Le public l’a appris dès l’été 2022 grâce à une enquête du Washington Post. Comme il est indiqué dans le document, le renseignement américain en Europe était considéré comme ayant une tendance aux manipulations politiques, voilà pourquoi l’Ouest n’avait aucune idée des intentions de la Russie.

Les enquêteurs poursuivent le fil de l’histoire : début novembre, le directeur de la CIA, William Joseph Burns, est arrivé à Moscou pour avertir le président Vladimir Poutine que les Etats-Unis et leurs alliés étaient prêts à armer l’Ukraine et à imposer des sanctions sévères contre la Russie si elle envahissait l’Ukraine. Alors, lors de la conférence de l’ONU sur le climat à Glasgow, le sécréteur d’Etat américain Antony Blinken a informé Volodymyr Zelenskyi de renseignements sur les préparatifs de la Russie pour une invasion à grande échelle de l’Ukraine.

4 novembre

Le nouveau ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Reznikov, qui était auparavant ministre de la Réintégration des territoires temporairement occupés, a été approuvé.

À la fin novembre, selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères de l’Ukraine, la Russie avait concentré environ 115 000 militaires et équipements près des frontières avec l’Ukraine (en particulier dans les territoires occupés de Crimée et de l’Est).

Décembre-Février 2021. Les provocations de la Russie comme prétexte pour envahir l’Ukraine

Vladimir Poutine déclare, que les pays de l’OTAN doivent garantir la sécurité de la Russie, en particulier en n’intégrant pas l’Ukraine au sein de l’OTAN. Il confirmera ce discours comme une condition sine qua non de prévention de la guerre. La condition va être annulée par la suite.

Soit dit en passant, lorsque la Finlande et la Suède ont rejoint l’OTAN en juin 2022, la Russie a plutôt réagi avec retenue. Cela s’est vérifié une fois de plus : la raison de l’agression de la part de la Fédération de Russie n’était pas la peur que l’OTAN s’élargisse, mais les ambitions impériales vis-à -vis de l’Ukraine. Quoi qu’il en soit, les stratèges russes “atteignent” parfaitement les objectifs opposés : après l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, la frontière terrestre des Alliés avec la Fédération de Russie aura augmenté de 1 385 km (de 1 215 à 2 600 km).

Le Ministre de La Défense de l’Ukraine Oleksii Reznikov annonce que d’après les informations de l’intelligence militaire ukrainienne, une forte probabilité d’invasion de l’Ukraine existe à compter de fin janvier 2022.

Le Secrétaire du Conseil national de Sécurité et de Défense de l’Ukraine, Oleksii Danilov, informe que la Russie a concentré 143 500 militaires sur la bande frontalière de 400 kilomètres.

Les présidents des États-Unis et de la Fédération de Russie se parlent au téléphone au moins deux fois. A chaque fois, Joe Biden appelle Poutine à retirer ses troupes de la frontière ukrainienne et rappelle les conséquences d’une éventuelle guerre à grande échelle.

À la mi-janvier, une vague de rapports sur le déminage d’un certain nombre d’objets a traversé l’Ukraine: aéroports de Boryspil et Zhulyany, gares centrales du métro de Kyiv, écoles de Cherkassy, ​​​​Lviv et Dnipro, centres commerciaux et principaux centres de Noël arbre à Odessa. Il y a également eu une cyberattaque mondiale (probablement par des pirates de la Fédération de Russie et des alliés du pays agresseur) sur les sites Web de l’État ukrainien.

18 janvier

La Maison Blanche déclare que la Russie peut à tout moment commencer l’invasion en Ukraine. Le lendemain, les États-Unis annoncent la donation de 200 millions de dollars au titre d’aide à la sécurité pour l’Ukraine, afin de financer des armes et des munitions.

24 janvier

L’OTAN met l’armée en état d’alerte, met en place des avions et bateaux supplémentaires en Europe Orientale.

Les médias occidentaux, se référant aux données de l’intelligence militaire américaine, annoncent la forte probabilité d’une grande offensive de la Russie en territoire Ukrainien, le 16 février ou les jours suivants.

En janvier-février, dans un contexte d’escalade des relations avec l’Occident et de prétendue non-satisfaction de demandes “légitimes”, la Russie mène un certain nombre d’exercices et de manœuvres militaires : en particulier, “Union Resolve 2022” conjointement avec la Biélorussie (10-20 février), exercices dans les eaux des mers Noire et d’Azov (13-19 février), entraînements dans le sud de la Russie et dans l’Abkhazie autoproclamée, etc.

17 février

L’armée russe commence les bombardements de masse (principalement de l’artillerie lourde) sur toute la ligne de délimitation à l’Est de l’Ukraine.

Les agences de renseignement des pays occidentaux ont également averti à plusieurs reprises que la Fédération de Russie prépare des provocations mises en scène dans la région de Donetsk (opération “sous un drapeau étranger” – actions et opérations politiques ou militaires utilisées pour blâmer l’opposant. – ndlr) afin d’avoir une raison formelle de lancer une grande offensive. À cet égard, les militaires des opérations conjointes (JOF) ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils n’ouvrent pas le feu sur les infrastructures civiles et respectent les normes du droit international humanitaire. Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valery Zaluzhny a souligné que l’Ukraine ne prévoyait pas d’opération offensive dans la région de Donetsk.

18-19 février

Pendant la déclaration spéciale du Président des États-Unis, Joe Biden déclare : “Je suis sûr que Poutine a ordonné la décision d’invasion”.

La puissance occupante de TUTO annonce une mobilisation massive de la population et commence l’évacuation des civils vers la Russie, qui est essentiellement une déportation, c’est-à-dire une expulsion ou une réinstallation forcée d’un lieu de résidence permanent. La Russie continuerait cette pratique contre les civils, y compris les enfants, lors d’une invasion à grande échelle. Bien sûr, il ne sera pas question de respecter les droits et de subvenir aux besoins des Ukrainiens déportés.

21 février

Poutine a déclaré “l’indépendance” des territoires de Donetsk et Louhansk – soit disant – “LRP” (République du Peuple de Louhansk) et “DRP” (République du Peuple de Donetsk). La Fédération de Russie a occupé toute la région de Louhansk à partir de juillet 2022 et n’a pas pleinement atteint ses objectifs à Donetsk pendant six mois. Poutine signe également des décrets, qui incluent notamment des clauses sur “l’exercice des fonctions de maintien de la paix par les forces armées de la Fédération de Russie” dans les régions de Donetsk et Louhansk.

22 février

Le Conseil des fédérations de Russie autorise la participation de l’armée russe sur le territoire de l’Ukraine.

Poutine reconnaît les TUTO (Territoires Ukrainiens Temporairement Occupés) comme les territoires de la Russie, et dicte ses volontés à l’Ukraine : le rejet de l’entrée dans l’OTAN, la garantie d’une position neutre et la démilitarisation de celle-ci. Il exige également la reconnaissance de la légitimité du soi-disant référendum en Crimée et à Sébastopol, qui a eu lieu le 16 mars 2014, et de renoncer aux revendications territoriales sur la Crimée.

En raison de la reconnaissance des TUTO, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne s’accordent sur un ensemble de sanctions contre la Russie. Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé la suspension de la certification du projet Nord Stream 2

Le Président de l’Ukraine Volodymyr Zelenskyi signe le décret sur le recrutement des réservistes de la réserve opérationnelle.

23 février

Le Conseil Suprême de l’Ukraine confirme le décret du Président instituant l’état d’urgence en Ukraine.

Au cours de cette seule journée, le fonds d’assistance compétent “Come back Alive” de l’armée a collecté plus que pendant toute l’année précédente – plus de 20,5 millions de hryvnias. Les mois suivants montreront que les Ukrainiens de tout âge, utilisant à la fois des méthodes traditionnelles et créatives, collecteront des fonds pour les défenseurs de l’Ukraine. Dans le même temps, même les plus petites contributions seront d’une grande importance pour atteindre l’objectif commun.

Les dirigeants des groupes soit disant “DPR” et “LPR” demandent officiellement au président russe Poutine d’aider à “repousser l’agression des forces armées ukrainiennes”.

À l’avenir, des millions de gens vont parler de la vie «avant et après le 24 février 2022 ». Nous ne savons pas encore combien le monde va changer, mais il va changer irrévocablement. Malgré toute l’absurdité, la férocité et le manque de raisons objectives de ce choix, le président de la fédération de Russie a ordonné l’offensive contre l’Ukraine.

L’invasion à grande échelle de l’Ukraine

Le 24 février 2022 est devenu le point de non-retour dans la résistance contre la Fédération de Russie, qui dure depuis 400 ans. Malgré les avis sceptiques des experts étrangers et les conséquences catastrophiques prévisibles de cette décision pour la Russie elle-même, Poutine initie tout de même la grande guerre.

La Fédération de Russie était persuadée d’être bien préparée pour cette « opération spéciale » et comptait, de ce fait, prendre la capitale de l’Ukraine en quelques jours. Effectivement, durant la dernière semaine de février, les événements se sont déroulés extrêmement rapidement et leur issue a largement déterminé le cours ultérieur de la grande guerre. Cependant, les Ukrainiens ont su s’unir et résister aux envahisseurs. Le courage et la détermination de nos défenseurs et défenseuses a impressionné le monde entier.

Le 24 février

À 3h40, l’armée russe commence à tirer des roquettes sur la population ukrainienne. Ainsi commence la guerre à grande échelle. À environ 5h00, Poutine annonce le début de l’« opération militaire spéciale » sur le territoire de l’Ukraine.

Ce type d’ « opérations libératrices » est une stratégie typique du pays agresseur qui consiste en l’occupation des territoires des autres pays ou bien en l’extension de sa sphère d’influence dans celui-ci. Ce scénario a eu lieu en Transnistrie, Tchétchénie, Ossétie du Sud, Abkhazie et en Syrie.

L’armée envahit l’Ukraine depuis plusieurs directions, y compris depuis la frontière biélorusse et la frontière avec la Crimée.

Au départ, l’armée russe frappe les cibles stratégiques de l’infrastructure militaire et civile : elle lance des dizaines des missiles et des bombes sur plusieurs régions, y compris sur les régions occidentales. À la suite de cela, les messages apparaissent dans les médias informant que les envahisseurs mènent des tirs à l’artillerie tout au long de la frontière de l’Ukraine avec la Fédération russe et la Biélorussie, et qu’ils avancent dans la direction des villes et villages ukrainiens. Des avions de chasse russes, ainsi que des hélicoptères, ont été observés dans le ciel.

Le Président de l’Ukraine annonce l’état de guerre, ainsi que la mobilisation générale. Peu après, le couvre-feu est introduit à Kyiv et dans certaines autres régions.

L’armée de la Fédération russe s’introduit à Soumy (à la périphérie de la ville, les batailles commencent), s’empare de la centrale nucléaire de Tchernobyl et d’une partie de la région de Kherson (les batailles commencent dans les environs de cette ville), ainsi que de l’Île aux Serpents dans la mer Noire.

La phrase lancée par les défenseurs ukrainiens se retrouvant sur l’Île aux Serpents – « Navire militaire russe, va te faire f*utre ! » – deviendra le slogan de cette guerre à grande échelle et donnera le ton à la résistance ultérieure des Ukrainiens. Cette phrase sera massivement utilisée, les marques vont l’inclure dans leur produits et services, et les étrangers vont afficher ce slogan pendant les manifestations anti-guerre.

Les défenseurs et les défenseuses détournent les attaques des envahisseurs dans la zone de l’Opération des Forces Unies, à l’Est du pays. Les envahisseurs subissent des pertes aux alentours de Kharkiv et n’arrivent pas à s’introduire dans la ville.

Le Président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky annonce la création d’une « coalition anti-poutinienne ». Le Président des États-Unis Joe Biden annonce la mise en place de sanctions économiques contre les plus grandes banques russes et contre ses secteurs économiques.

Washington annonce la limitation des opérations de paiement en dollars et en euros pour la Fédération Russe, l’extension des sanctions contre les élites russes et une diminution à 50% de l’import de la haute technologie par le pays agresseur. La Grande-Bretagne annonce, à son tour, le gel total des actifs de la banque de l’État russe VTB.

Selon les données de l’État-major de l’Ukraine, lors des 19 premières heures de l’invasion à grande échelle, les envahisseurs ont perdu plus de 30 chars, 130 véhicules blindés de combat, 5 avions, 800 unités de personnel militaire. Le 24 février, à la suite du début de la grande guerre, 57 Ukrainiens – des civils et des militaires, – sont décédés, selon les données du ministre de la Santé Viktor Liashko.

Le 25 février

Aux alentours de Kyiv se mènent des combats féroces, surtout dans le triangle des villes Boutcha – Irpin – Hostomel.

À Boutcha, les défenseurs réussissent à stopper l’avancée d’une colonne de troupes de l’ennemi qui tentait de s’enfoncer dans la capitale. Les jours suivants, de plus en plus d’images et des vidéos apparaissent témoignant des conséquences des combats de Boutcha.

L’armée russe pilonne un orphelinat de la ville de Vorzel (heureusement, sans blessés), le village d’Ivankiv (fin février, le musée de Maria Primatchenko est endommagé par les envahisseurs russes), ainsi que la ville de Kharkiv (ont été endommagés le Centre de sang et un établissement scolaire), la ville d’Okhtyrka (une école maternelle a été atteinte) et la région historique de Sévérie (à Tchernihiv, le bâtiment du Service de Sécurité de l’Ukraine a pris feu). Le soir de ce jour, l’ennemi perce la défense de la traversée en direction de Kherson. Les unités de l’Opération des Forces Unies retiennent l’avancée de l’ennemi et réussissent à garder leurs positions.

A Kyiv, un fragment de missile tombe sur une tour résidentielle du 7, rue Koshytsia. Dans la région nord de la capitale, un blindé russe passe volontairement par-dessus une voiture légère, le conducteur ayant été blessé. Il a survécu grâce aux habitants de la ville qui ont réussi à le retirer de la voiture.

Les déplacements par l’armée russe de leur matériel militaire provoquent la hausse du niveau de radiation dans la zone d’exclusion nucléaire de Tchernobyl. Plus tard, on découvre que les envahisseurs ont complètement négligé la pollution nucléaire du territoire : à l’intérieur de la station nucléaire de Tchernobyl, où ils se sont installés, et dans le sable qu’ils utilisaient pour remplir leurs sacs de barricade, un niveau de la radiation dix fois plus élevé que la normale a été enregistré. Par la suite, les illustrateurs ukrainiens vont se moquer de ce comportement suicidaire des militaires russes.

Le statut de la Russie de membre au Conseil de l’Europe est suspendu.

Les organisateurs du concours musical « Eurovision » interdisent à la Russie de participer à l’édition 2022 de cet événement musical majeur de l’Europe.

La Pologne et la République Tchèque ferment leur espace aérien aux compagnies aériennes russes. L’Irlande supprime le régime des visas pour l’Ukraine, et les pays comme la France, la Suède et l’Estonie promettent de fournir à l’Ukraine une aide militaire.

Dans l’espace d’une demi-journée, les Forces Armées de l’Ukraine détruisent 2800 militaires russes et 600 unités du matériel de guerre de l’ennemi. Selon les données de l’armée de terre des Forces Armées de l’Ukraine, la Russie n’a jamais connu de telles pertes de l’effectif sur une si courte période, dans toutes les guerres qu’elle a commencées.

26 février

Les combats en Ukraine se poursuivent, dans toutes les directions de l’attaque du pays agresseur. Les forces aériennes et les systèmes de défense aérienne abattent, dans la zone de l’Opération des Forces Unies et aux alentours de Kyiv, 3 avions russes.

À Kyiv, des saboteurs ont été détectés. Se lance une campagne de lutte contre le sabotage, ce qui cause le durcissement des règles du couvre-feu.

Le métro de Kyiv passe au en mode abri antiaérien. Les défenseurs de la capitale détournent l’attaque sur une unité militaire dans la zone de la station métro « Beresteyska ».

À l’Est du pays, les villages de Stanytsia Louhanska, de Krymske et de Makiïvka se retrouvent sous l’occupation russe. Au même moment, une colonne militaire russe est abattue aux alentours de Sievierodonetsk. La ville de Tchernihiv est pilonnée par les roquettes du système « Grad » ; une colonne d’envahisseurs est détruite dans la même région. Les Forces Armées de l’Ukraine reprennent contrôle sur la ville de Soumy. Les envahisseurs approchent la ville d’Energodar, où la station nucléaire de Zaporijia est située, et installent les lance-roquettes « Grad » aux pieds de cette station.

Les habitants de la plupart des villes et villages ukrainiens, parmi les premiers à faire face à l’ennemi en raison de leur proximité avec les frontières russes et biélorusses, s’organisent pour résister aux envahisseurs. Ainsi les guérillas modernes voient le jour : les Ukrainiens défendent héroïquement leurs villes et villages, en coopération avec les forces de défense territoriale et les Forces Armées de l’Ukraine. De fois, ils réussissent à stopper les colonnes des troupes ennemies pratiquement à mains nues.

Les premiers jours donnent naissance aux vidéos témoignant du courage et de la résistance du peuple ukrainien : les expressions telles que « les blindés vont en marche arrière » de Koriuvka, « Mettez des graines de tournesol dans vos poches » de Henichesk, ainsi que la vidéo d’un homme déplaçant à mains nues une mine à Berdiansk, deviennent légendaires.

Le plan de « blitzkrieg » du Kremlin ne cesse d’échouer : déjà plus de 3500 militaires russes détruits par les Forces Armées de l’Ukraine et environ 200 prisonniers de guerre.

Ukrzaliznytsia (le réseau ferroviaire ukrainien) détruit les passages ferroviaires avec la Russie et organise activement des voyages en train en direction de l’Ouest du pays, pour évacuer les civils. Les personnes quittent les régions dangereuses par tous les moyens possibles.

Les Forces Armées de l’Ukraine conseillent aux Ukrainiens de bloquer, de toutes les manières possibles, les déplacements de l’ennemi : abattre des arbres, construire des barricades, brûler des pneus etc. Les gens s’auto-organisent pour souder des hérissons antichars ou fabriquer des cocktails Molotov.

La Russie oppose son veto au projet de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU qui revendique la sortie immédiate et complète de l’armée russe du territoire ukrainien.

N.B. : même au bout de six mois après l’invasion, le pays agresseur n’est pas exclu du Conseil de Sécurité de l’ONU, ce qui témoigne d’une certaine obsolescence morale de la plus importante organisation de sécurité mondiale.

L’Union Européenne interdit l’export vers la Russie des technologies de l’industrie pétrolière et approuve le 2ème paquet des sanctions, des mesures qui impacteront 70% du marché de la banque du pays agresseur. Les préparations officielles pour la déconnexion de la Russie du système de paiement SWIFT débuttent (les derniers pays s’opposant, étaient la Hongrie et l’Allemagne).

Le média propagandiste du Kremlin « RIA-Novosti » publie accidentellement un article, de toute évidence prévu pour être publié après la prise rapide de l’Ukraine. Cet article a été vite retiré du site, mais le service Internet Archive a eu assez de temps pour l’enregistrer. L’article décrit les plans impériaux de Poutine en matière de russification totale de l’Ukraine et de la Biélorussie, ainsi que la modification de l’ordre mondial. C’est ainsi que l’intention de la Russie de saisir l’Ukraine en trois jours devient connue. L’expression « en trois jours » devient un mème.

Le monde ne s’attendait pas à une telle résistance de la part des Ukrainiens. Les experts militaires et les politiciens sous-estimaient la puissance des Forces Armées de l’Ukraine, qui, même avant le début de la guerre à grande échelle, avaient déjà commencé à appliquer les standards de l’OTAN. Ils ne s’attendaient pas non plus à une telle cohésion des Ukrainiens qui ont massivement rejoint les Forces Armées de l’Ukraine, s’auto-organisent pour former les bataillons de la défense territoriale et font activement du bénévolat, presque 24/7.

Les premiers jours de cette guerre à grande échelle ont démontré que la “blitzkrieg” de la Fédération Russe a échoué.

27 février

Les occupants russes continuent à pilonner les villes et villages ukrainiens. Leurs méthodes terroristes ne laissent plus aucun doute : ils placent leur matériel militaire dans les quartiers d’habitation, ils utilisent comme bouclier humain les femmes et les enfants, ils pilonnent les bâtiments civils et les voitures transportant des enfants et des civiles, se déguisent dans les camions civils, et ils pillent et volent les Ukrainiens.

Des catastrophes technologiques sont provoqués par les actions de l’armée russe : à Kharkiv, ils explosent un gazoduc et à Vasylkiv, à la suite des tirs, un terminal pétrolier prend feu.

L’Union européenne ferme totalement l’espace aérien pour la Russie. Les dirigeants de l’UE approuvent le financement et la fourniture d’armes létales à l’Ukraine pour une somme de 450 millions d’euros.

Les Ukrainiens s’unissent et commencent à boycotter les produits et les services russes, ils rompent tous les liens avec le pays-agresseur. L’armée informationnelle appelle la communauté internationale à faire de même.

Pendant les combats à Hostomel, les militaires russes brûlent le plus grand et le plus puissant l’avion de transport au monde – An-225 « Mriya » (« Rêve »), qui se trouvait stationné à l’aéroport local pour une révision.

Les envahisseurs s’introduisent dans la ville de Kupiansk dans la région historique de Slobojanchtcina (l’Ukraine slobodienne).

L’ONU constate 368 000 réfugiés ukrainiens, ce chiffre ne cesse d’accroître. Ce sont majoritairement des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Un bateau à vapeur russe demande un ravitaillement à un navire géorgien dans la mer Noire, à quoi ils reçoivent la réponse suivante : « Vous pouvez vous servir des rames ! » Cette phrase a démontré la solidarité des étrangers envers les défenseurs de l’Île aux Serpents et est devenue un des symboles des sanctions internationales et de l’isolement économique de la Russie.

À la suite des cyberattaques, les sites du Kremlin, du ministère de la Défense de la Fédération Russe, de Roskomnadzor et d’autres sites russes cessent de fonctionner.

Elon Musk accepte la demande du ministre de la Transformation digitale de l’Ukraine, Mykhailo Fedorov, d’accéder à l’internet par satellite. Le service Starlink devient actif en Ukraine. Grâce à son réseau de satellites spatiaux offrant de l’internet à grande vitesse et sans fil dans les endroits où il serait autrement indisponible, l’armée ukrainienne réussit des frappes précises sur l’armée russe et peut également piloter les drones ; les civils, quant à eux, peuvent, grâce à cet internet, restent en contact avec leurs proches.

Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, annonce la création d’une légion internationale de la défense territoriale ouverte aux étrangers souhaitant adhérer à la lutte contre les envahisseurs russes.

Des milliers des personnes, dans différents pays, sont sorties dans les rues pour soutenir l’Ukraine et condamner l’agression armée de la Fédération russe. À Berlin, selon les données de la police, le nombre s’élevait à 100 000 manifestants.

28 février

Les Forces Armées de l’Ukraine libèrent la ville de Volnovakha dans la région de Donetsk. Cependant, l’ennemi occupe Berdiansk (région historique de Méotide, ou Priazovye), où se situe l’un des plus grands ports maritimes de l’Ukraine.

L’armée russe pilonne les quartiers d’habitation et l’infrastructure civile de Tchernihiv, de Kharkiv, de Marioupol, de Mykolaïv et les alentours de Kyiv. Le Président de la France Emmanuel Macron appelle, une nouvelle fois, Poutine, et ce dernier promet d’arrêter d’attaquer la population civile de l’Ukraine. Au même moment, le commandant en chef des Forces Armées de l’Ukraine Valery Zaluzhny précise que, depuis le début de l’invasion, la Russie a lancé 113 missiles du type « Iskander » et « Calibre » sur la population civile de l’Ukraine.

Spoiler : les conversations et la “préoccupation” constante d’Emmanuel Macron deviendront un mème, et la langue ukrainienne se pare d’un nouveau terme: “makronyty” qui signifie s’inquiéter constamment, mais ne rien faire pour changer la situation.

Les présidents d’un certain nombre de pays européens demandent, dans une lettre ouverte, d’accorder à l’Ukraine le statut de pays-candidat à l’UE. Le Président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky signe une demande d’adhésion à l’UE. Presque 4 mois après, le 23 juin 2022, l’Ukraine et la Moldavie obtiendront leur statut de candidats à l’adhésion à l’UE.

À la frontière ukrainienne-biélorusse, les premières négociations officielles avec le pays-agresseur prennent place. La délégation ukrainienne comprenait, entre autres, le ministre de la Défense de l’Ukraine Oleksiy Reznikov et le conseiller du dirigeant du Bureau du président Mykhailo Podoliak.

La pression économique et l’isolation de la Russie continuent : trois clubs de basket-ball russes sont exclus de la Ligue de l’Europe, l’UEFA rompt son contrat avec Gazprom. La dirigeante de la banque Centrale de la Russie a reconnu que les sanctions occidentales ont ruiné le cours du rouble et ont drastiquement changé les conditions pour l’économie russe.

Selon les données de l’Etat-major des Forces Armées de l’Ukraine, les pertes des envahisseurs s’élèvent à 5300 personnes. Des dizaines d’unités de matériel blindé, tels que des chars et des hélicoptères, sont détruites.