L’homme le plus riche du monde, un vrai entrepreneur « spatial » des entreprises inclusives et un génie culte qui veut peupler Mars, – voilà la première chose à quoi pensent des Ukrainiens quand on parle d’Elon Musk. Il était l’une des personnalités les plus éminentes même avant l’invasion russe de grande échelle en Ukraine, et sa décision de fournir des stations de communication par satellite Starlink en ont fait un héros national. Cela aurait pu être la quintessence de ces contributions dans la lutte contre le pays-agresseur, mais Musk a récemment proposé un plan révolutionnaire de « trêve » entre l’Ukraine et la russie. Après quelques tweets, Musk a suscité l’indignation de tous les Ukrainiens. A-t-il retourné sa veste pour devenir « un véritable Russe » ? Doit-on s’étonner de ce brusque changement d’avis ? Investiguons ensemble ce qui ne roulait pas même avant les tweets sur soi-disant « paix ». Regardons ce qui ne va pas avec ces tweets sur la soi-disant Paix.
Note : Elon Musk est un entrepreneur-innovateur américain, fondateur de la société SpaceX (société aérospatiale, qui fournit des services de communication et de transport) ; PDG de Tesla Inc., gérant de l’usine Tesla (fabrication des autos électriques), PayPal (système international électronique de paiements), Neuralink (développement des technologies de l’interaction d’un cerveau humain et des appareils électroniques). Il a été élu « L’homme de l’année » par CNN Business (2021), et le Time (2021), et l’homme le plus riche du monde. Parmi ses aspirations les plus passionnées, celles de la colonisation du Mars.
Idées grandioses mais douteuses
Dans son tweet daté du 3 octobre, Elon Musk a proposé sa vision de la « trêve » entre l’Ukraine et la russie. Il suggère d’organiser à nouveau des référendums sous le contrôle de l’ONU sur les territoires occupés de l’Ukraine et de « les laisser sous la gouvernance russe si telle est la volonté du peuple », de rétablir «la justice » de 1783 et de reconnaître la Crimée comme étant un territoire russe. L’Ukraine à son tour doit approvisionner la péninsule en eau et adopter une posture de neutralité. Musk a décidé de faire un « crash-test » et a fait un sondage auprès de ses abonnés afin de savoir si les habitants de Crimée, du Sud et de l’Est pourraient choisir leur pays. Qu’est ce qui ne va pas avec ce plan ? Tout. Toutes les concessions à la russie veulent dire que la guerre ne s’arrête pas, et l’histoire nous a appris que l’occupation d’un pays souverain ne sera pas suffisante pour satisfaire les appétits impérialistes de la Russie. Cela veut dire qu’un jour n’importe quel pays européen ou asiatique peut se faire réveiller par une attaque de missile, parce que tout d’un coup la Russie a commencé à les considérer comme « une partie de son territoire ». Un compris dans la guerre à grande échelle offert par Musk, semblaient être tirés de ces sois-disants manuels distribués par le Kremlin. En revanche, il ne faut pas sous-estimer le talent de Musk dans la popularisation de mauvaises idées.
En contournant les « problèmes globaux de l’Humanité» que Musk veut résoudre, on peut dire que c’est un esprit innovateur. Pourtant les idées du milliardaire sont souvent vivement critiquées par les experts de différents domaines. Par exemple, depuis longtemps les urbanistes ont rejeté l’efficacité et l’intérêt actuel pour des projets comme Hyperloop et Booring Loop. Ceux-ci ont été la solution des problèmes de transport dans de grandes mégapoles. Il s’agissait de « capsules futuristes « se déplaçant à une grande vitesse dans les tunnels sous vide. Cette technologie est hors de prix et ne peut pas être adaptée à tous les types d’espaces urbains, notamment ceux à reliefs. La mise en œuvre de cette idée qui par ailleurs n’apportera pas la solution à des problèmes de circulation (et pourrait même en engendrer des nouveaux), va prendre quelques décennies. En plus, les plans de Musk couvrent les besoins d’une minorité de de la population . Au lieu d’investir dans des idées chères et incertaines, les urbanistes conseillent d’améliorer les systèmes de transport commun déjà existants.
Elon Musk s’inspire par des idées de science-fiction, comme il le témoigne. C’est peut-être pourquoi la plupart de ces idées sont éloignées de la réalité. Parmi ces autres projets qui s’inspirent des livres, il y a la société Neuralink qui est spécialisée dans la conception de technologie d’interaction entre l’ordinateur et le cerveau humain. Cette idée, il l’a empruntée chez Ian Banks après avoir dévoré son livre « Culture », dans lequel l’auteur décrit très précisément cette même technologie. Pourtant, les experts la remettent en cause ainsi que son projet Hyperloop. Le pionnier dans la neuroscience, et plus particulièrement dans le domaine de l’interaction du cerveau avec l’ordinateur, un scientifique et professeur brésilien, Migel Nicolesis, dénonce l’innovation de l’idée de Musk se référant à ses dernières recherches. Il affirme qu’un entrepreneur américain « est incompétent dans la neuroscience, et il ne comprend pas ce que c’est le cerveau ». Mais « il peut vraiment être machiavélique s’il faut vendre une chose qui ne pourrait jamais fonctionner ».
Musk a également essayé de trouver un moyen de fact-checking et la véracité des articles dans les médias. Indigné par les publications qui ont jeté la lumière sur une série de problèmes de sécurité corporatifs et financiers de Tesla en 2018, Elon Musk a conçu un site où les lecteurs avaient pu ouvertement « juger la véracité » de chaque article, et au fil du temps, juger du degré de confiance que l’on peut accorder aux journaux et aux médias. Heureusement, cette idée n’a pas dépassé l’espace de Tweeter car cela ne semblait pas raisonnable que les lecteurs puissent dire si l’information présentée dans les tweets en plusieurs langues est vraie ou fausse. Ce site ne résoudra pas vraiment le problème d’infox mais sera plutôt la preuve que les connaissances des individus peuvent être limitées. En effet, selon Musk, un lecteur moyen, après avoir lu un article, doit être capable d’évaluer la véracité de cet article en lui attribuant des points entre 1 et 5.
Il est indiscutable que les idées les plus incroyables et un progrès technique passent par des expériences, qui sont dans la plupart des cas un vrai fiasco. Mais Elon Musk dépense des milliers de dollars sur des projets ambitieux, sans même prendre la peine de demander l’avis des professionnels, qui auraient pu réellement estimer l’actualité et l’efficacité du futur projet. Les entreprises de Musk attirent des investissements, qui pourraient être réorientés pour financer des projets et des recherches qui pourraient véritablement changer la qualité de vie à l’échelle mondiale.
Promotion sous le masque de philanthropie
Comme la plupart des gens puissants et riches, Elon Musk se soucie de sa popularité et de son image publique. Cela se prouve par ses fréquentes apparitions dans les shows américains et aussi dans les films et les séries. Le simple fait d’un homme le plus riche au monde, d’un homme innovateur et entrepreneur est trop banal pour Musk. Contrairement aux autres millionnaires, qui sont souvent critiqués par leur contribution minime dans le développement de la société, Elon tient à cœur l’idée d’être quelqu’un de différent, devenir presque un super héros, qui sauve l’Humanité de toutes les catastrophes. Pour atteindre ce but, Musk étale par ces actions à ses fans et à ses détracteurs qu’il ait envie de dépenser son argent pour la bonne cause. Pourtant, tout comme ses idées, dont la majorité semblent être novatrices, ces actes de charité ne sont pas uniquement dirigés par les motifs altruistes.
L’un des exemples tapageurs du point de vue négatif, est le scandale avec la tentative échouée de Musk d’aider à sauver 12 garçons piégés dans une grotte en Thaïlande avec leur entraîneur en 2018. Pendant 10 jours, tout le monde avait les yeux rivés sur cet accident : on a suivi comment les ingénieurs, les plongeurs et les experts venant du monde entier essaient de les sauver. Le problème était que la seul sortie de la grotte était inondée d’eau. En outre, à certains endroits, ce tunnel était si étroit, que même les plongeurs ont dû retirer leur équipement de plongée pour y passer. Avec son équipe, Musk a conçu un mini sous-marin et l’a envoyé en Thaïlande. Toutefois, un coordinateur de la mission de sauvetage et un plongeur expérimenté dans la grotte venant du Royaume-Uni, Vernon Answorth, a rejeté l’invention de Musk. Il l’a assuré que ce sous-marin n’a pas été adapté pour la mission, et il a dit que ce geste n’est qu’un « coup de pub ».
Il parait que Musk a pu prendre cette situation avec dignité, pour montrer uniquement ses bonnes intentions. Par contre, en réalité il était outré et a tweeté qu’Answorth n’est qu’un pédophile. Même si on fait recours à la logique, on ne peut pas nommer cet acte rationnel, au contraire, cela démontre la fragilité du milliardaire, qui n’a tout simplement pas apprécié que quelqu’un d’autre soit le héros de l’histoire.
Un cas similaire du coup de pub sur la charité était une tentative de Musk de résoudre le problème de la faim dans le monde en étant appelé par le directeur du Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) de l’ONU, David Beazley en automne 2021. Dans son tweet Beazley a félicité Musk avec son titre d’homme le plus riche du monde et d’une fortune estimée à 221 milliards de dollars, et a précisé qu’uniquement 6, 6 milliards de dollars (3% de la fortune de Musk) pourraient sauver 42 millions de gens de la faim. Musk a publiquement annoncé qu’il était d’accord de vendre les actions de Tesla et verser le revenu de la vente au PAM de l’ONU, si le directeur du programme explique comment cet argent peuvent aider à enrailler la faim dans le monde. « Mais les chiffres de la comptabilité devraient être ouverte au public, pour que les gens voient comme ces fonds sont dépensés », a-t-il ajouté. Ces exigences semblent être rationnelles, parce que même telles organisations comme l’ONU, le Croix Rouge et autres sont souvent critiquées pour l’inefficacité de la dépense des contributions caritatives : des salaires trop élevés, des bureaux hors prix, l’équipement d’entreprise coûteux etc.
Le directeur de la PAM de l’ONU a très vite envoyé au milliardaire un plan détaillé sur la manière dont les fonds seraient utilisés et lui a assuré que l’ONU disposait déjà d’un système ouvert permettant de tracer comment les fonds sont repartis pour chaque programme.
Le titre dans les magasins « Musk est prêt à faire le don de 6,6 milliards de dollars pour enrayer la faim dans le monde », était presque dans chaque édition connue, par ailleurs ayant renforcé l’image publique de Musk le respect de ses fans. Pourtant, en octobre 2022, presqu’un an après le débat entre Musk et le directeur de la PAM de l’ONU, l’organisation n’a reçu aucune réponse de la part de milliardaire concernant son offre. Entre-temps, selon le rapport public de la Commission américaine des valeurs mobilières et des changes, Musk a bel et bien vendu la part de ses actions Tesla, pour un montant de 6 milliards de dollars en 2021. Ces fonds auront été transférés ultérieurement à la charité. Et c’est tout ce qu’on sait. Depuis lors, aucune organisation n’a pas constaté qu’elle a reçu les contributions caritatives de Musk. Les experts en philanthropie supposent que le milliardaire a fait le transfert de cet argent vers un fonds de donateurs, qui sert en quelque sorte de « tiroir », où les fonds caritatifs peuvent être conservés pendant des années, pour les remettre progressivement à des organisations sous forme de subventions.
Pour les milliardaires l’utilisation de ces fonds à de grands avantages, car cela réduit les impôts sur les sommes, transférés à la charité. En outre, la législation américaine n’oblige pas à créer un plan et un calendrier spécifiques pour la dépense du capital caritatif.
Lorsqu’ on voit dans les médias tels titres qu’Elon Musk a transféré 6 milliards de dollars pour la bonne cause, personne ne peut répondre où cet argent a été redistribué. Un bémol dans cette histoire, que Musk était le premier à demander à la PAM d’être transparente, pourtant il ne se réfère pas à ce même principe.
Qui pour de vrai finance le projet Starlink en Ukraine ?
Dès que l’invasion à pleine échelle de l’Ukraine par la Russie avait été déclenchée, Elon Musk a répondu à la demande du Ministre de la transformation numérique Mykhailo Fedorov et a livré en Ukraine un lot de systèmes de communication internet par satellite Starlink. Grâce à cette livraison, il est possible de disposer de l’internet sans fil à haut débit dans les endroits les plus reculés, où pour la plupart des cas, il n’en y a pas. C’est pourquoi Starlink est un système très important pour la défense des villes et villages ukrainiens, parce que les militaires peuvent mener avec succès des reconnaissances aériennes et des frappes de haute précision pour éliminer l’ennemi. Cette connexion Internet aide également à survivre les personnes civiles en zone d’occupation temporaire ou dans les zones de combats. Les militaires russes essaient bon et bien d’endommager ces lignes de communications pour empêcher les Ukrainiens de résister.
Cette preuve de solidarité et d’aide ont conquis les cœurs de millions d’Ukrainiens, qui considèrent Musk comme l’un des hommes puissants qui soutiennent l’Ukraine. Cela aurait pu être le cas mais Musk a publié plusieurs tweets portant sur la « désescalade » de la grande guerre qui répètent presque mot-à-mot les « manuels de propagande » russes. Autrement dit, Musk a suggéré de ne plus prendre en compte l’Ukraine et ces besoins mais de donner à la Russie ce qu’elle veut. Frappé par la vague d’indignation ukrainienne, Musk a immédiatement commencé à prouver qu’il supportait l’Ukraine et la livraison des systèmes Strarlink en était preuve. « Nous avons donné Starlink à l’Ukraine et on a perdu plus de 80 millions de dollars. Voilà pourquoi SpaceX et moi-même nous sommes sous les cyberattaques russes en ce moment », – a tweeté l’homme d’affaires. Il est à noter, qu’au lieu d’avoir un dialogue avec les Ukrainiens sur Twitter, ceux qui les soutiennent, Musk a bloqué tous les critiques qui l’ont tagué. « C’est la plus grande attaque de bots jamais vue » – a-t-il écrit dans son tweet.
En faisant des éloges à Musk pour ses « dons » à l’Ukraine a provoqué une autre vague d’indignation parmi les militaires ukrainiens et des bénévoles, qui ont acheté eux-mêmes ces systèmes de communication et paient l’abonnement mensuel au service. Dès le début de l’invasion à grande échelle, presque 20 milles systèmes Starlink ont été livrés en Ukraine, par contre pas tous les systèmes en étaient un cadeau de la société Starlink SpaceX et son propriétaire. D’après une enquête de CNN, près de 85 % de ces systèmes de communication Internet par satellite sont financés par différents pays (dont les Etats-Unis, la Pologne et le Royaume-Unis) et d’autres organisations bénévoles. Ils continuent à subventionner 30 % des frais d’abonnement mensuel des systèmes Starlink. Cependant, Musk n’essaie même pas d’attribuer le mérite de ce projet aux partenaires, parce que cela va diminuer la valeur de sa propre contribution aux yeux du public.
Par une étrange coïncidence, une semaine plus tard, après ses « fameux » tweets, et l’indignation reçue de la part des Ukrainiens, les systèmes Starlink ont été bugé dans toute l’Ukraine. Musk et d’autres hommes politiques ukrainiens ont refusé de commenter la cause du problème. Entre-temps, il a été révélé que le Pentagone a reçu une lettre de SpaceX avec une demande de financer ces services en Ukraine. « Nous ne sommes pas en mesure de fournir les terminaux à l’Ukraine ou financer d’autres terminaux existants pour une période de temps indéterminée » – a écrit au Pentagone un directeur des ventes gouvernementales SpaceX en septembre. Cette politique de la société a vraiment déçue la communauté internationale, y compris les Ukrainiens. Chaque jour luttant pour la paix en Ukraine et dans le monde, beaucoup de militaires et de civils meurent, tandis que quelqu’un ne pense qu’au revenu. Évidemment, si Musk avait refusé de financer complètement les systèmes Starlink pour les Ukrainiens, il aurait perdu son allure d’héros dans cette histoire, et aurait entamé sa réputation en tant que philanthrope.
C’est pourquoi après quelques jours le milliardaire a changé son avis et a décidé de couvrir le coût des services Starlink en Ukraine. « Laissons tomber… même si Starlink perde de l’argent, et que d’autres entreprises reçoivent des milliards de dollars des payeurs d’impôts, nous allons poursuivre le chemin choisi : financer gratuitement le gouvernement ukrainien » a écrit Musk dans son tweet.
Prenant en considération ses précédents actes de charité, Musk considère apparemment le transfert des systèmes Starlink à l’Ukraine comme une autre possibilité de la campagne de promotion. S’il le faisait uniquement pour des motifs altruistes, en comprenant l’importance morale et la valeur d’une telle aide à un pays en guerre, qui bat chaque jour contre une terreur atroce du XXI siècle, il s’inquiétait pas des « pertes ». Les chiffres d’affaires de SpaceX s’élèvent à 2 milliards de dollars par an. Même si « le coût» de ces actes de charité sera de 100 millions de dollars par an, comme Musk estime, cela ne représenterait que 5 % du revenu total de l’entreprise. Est-ce que c’est vraiment beaucoup pour sauver les vies de milliers d’Ukrainiens et pour empêcher la russie de s’emparer d’autres territoires ? Après tout, les politiciens mondiaux réalisent que l’Ukraine est devenue une zone de guerre et que l’armée ukrainienne crée un bouclier pour l’Europe, empêchant l’agression russe de s’étendre sur le territoire des autres pays.
Il semble qu’ayant remis les systèmes Starlink en Ukraine au printemps 2022, Elon Musk espérait que la guerre entre l’Ukraine et la russie se terminerait beaucoup plus vite. Cependant, contrairement à ce qu’il croyait, les Ukrainiens ont refusé de céder leurs territoires souverains à la russie, et ils ont décidé de se battre pour leur liberté aussi longtemps qu’il le faudrait.
Diffusion de la désinformation et des narratifs russes
Si vous avez été surpris par les tweets de désinformation d’Ilon Musk sur l’Ukraine ou si vous pensez encore qu’il est un innovateur qui n’a pas toujours le temps de comprendre la situation, nous avons des nouvelles peu réconfortantes pour vous : le milliardaire américain n’en est pas à sa première gaffe. Il utilise souvent Twitter comme un plateau de trolling, pour ridiculiser ses détracteurs et diffuser de fausses informations. Cette dernière pourrait être fait pas intentionnellement, mais prenant en compte son incroyable popularité et de ses plus de cent millions de followers sur Twitter, Musk porte quand même une responsabilité sociale vis-à-vis aux idées et à l’information publiées. Parce qu ‘un seul tweet suffit pour baisser les actions de Tesla, mais aussi, par exemple, pour entraîner la propagation d’un virus dangereux. Ainsi, en mars, 2020 dès le début de la pandémie COVID-19 un milliardaire a dédramatisé la menace du coronavirus, ayant précisé que le panique qui règne autour est « stupide ».
Pour une personne dotée d’un esprit innovateur et d’une vaste expérience professionnelle, Musk a tout à fait eu tort sur la vitesse de la propagation du virus, en ignorant les prédictions des épidémiologistes. « Selon une tendance actuelle, il y aura aussi probablement environ 0 nouveau cas (de la maladie) aux États-Unis d’ici la fin avril » – a écrit le milliardaire 19 mars 2020. Malgré ses convictions, 30 avril 2020 il y avait 30 milles nouveaux cas d’infection aux Etats-Unis. Ses prévisions erronées et ses prédictions fausses, diminuant le danger du virus, Musk a par ailleurs amplifié la propagande et la désinformation autour de la pandémie COVID-19. Il est à noter que la russie était parmi celles qui l’a distribué aussi.
Certes, les tweets de Musk sur le coronavirus peuvent rappeler par inadvertance les narratifs des propagandistes russes ce qui n’est pas le cas de son point de vue sur la « réconciliation » de l’Ukraine avec la russie. Les affirmations que « historiquement la Crimée appartient à la russie », la tenue de référendums sur les territoires occupés, la population russophone et la certitude que c’est à l’Ukraine de régler le « conflit » actuel tout cela semble être pris mot à mot d’un manuel de propagande du Kremlin. « Sans aucun doute, il fait passer les messages de poutine – affirme Fiona Hill, un ancien membre du Conseil de sécurité américain, spécialiste de la politique russe. Dans une interview accordée à la publication américaine Politico, Madame Hill affirme que ce n’est pas la première fois que Poutine utilise des personnes influentes et connues, y compris des hommes d’affaires, comme intermédiaires.
Des informations sont apparues par la suite selon lesquelles Musk a effectivement parlé à poutine avant de présenter son plan « génial » pour mettre fin à la guerre en général. Ian Bremmer, directeur d’Eurasia Group, un cabinet de conseil spécialisé dans l’analyse politique, a déclaré avoir entendu parler par Musk lui-même qu’il avait parlé à Poutine et entendu ses exigences : reconnaître la Crimée et les régions de Luhansk, Donetsk, Kherson et Zaporozhia comme russes, ainsi que garantir la neutralité de l’Ukraine. Interrogé sur la véracité d’une telle déclaration, Bremmer a assuré qu’il rédigeait sa lettre d’information sur la géopolitique pour la communauté fermée de l’Eurasia Group depuis plus de 24 ans et qu’il n’avait aucune raison de tromper les gens : « J’écris honnêtement, sans crainte ni faveur, et les nouvelles de cette semaine n’étaient pas différentes (en termes de crédibilité) ». Elon Musk nie complètement cette information, mais peut-on lui croire sur parole ? La diffusion de la désinformation ne peut que nuire à la crédibilité professionnelle de Ian Bremmer et à la réputation de son organisation, et étant donné que poutine a plus d’une fois utilisé des personnes puissantes à ses propres fins, il est probable qu’il ait effectivement pris contact directement avec Musk.
Si on analyse les actions et les déclarations de Musk, on peut constater que le milliardaire ne mérite pas cette gloire et cette bienveillance qu’on lui porte actuellement. Le phénomène de son culte peut s’expliquer par la tendance de gens de créer des idoles et des héros ou de trouver un leadeur fort dans une communauté qui, selon eux, peut être un guide fiable.
Bien sûr les technologies modernes de l’information facilitent l’ascension des gens ambitieux sur un piédestal de la reconnaissance publique. Cependant la question de savoir si ces leadeurs sont conscients de leur responsabilité et de leurs obligations devant la société est une question rhétorique, mais dans le cadre des guerres à grande échelle cesse d’être comme telle.