Depuis de nombreuses années, la Fédération de Russie occupe des parties d’autres pays indépendants. Depuis l’effondrement de l’URSS, elle a participé à la création d’entités non reconnues et autoproclamées telles que la “République moldave pridnistrienne” (une partie légale de la Moldavie), la “République d’Abkhazie” (un territoire légal à l’intérieur de la Géorgie), la “République d’Ossétie du Sud” (la région de Tskhinvali en Géorgie), la “République populaire de Louhansk” et la “République populaire de Donetsk” (territoires légaux de l’Ukraine), la “République de Crimée” (également créée sur le territoire ukrainien temporairement occupé).
Le pays agresseur n’a rien inventé de nouveau et s’empare de territoires en utilisant les méthodes héritées de la Russie bolchévique et de l’Union Soviétique. Il prétend libérer, protéger ou unifier des territoires mais le résultat est toujours le même: les entités occupées cessent de se développer, s’isolent presque complètement du monde et déclinent.
Lors de l’invasion massive de l’Ukraine, la Fédération de Russie utilise la même méthodologie, mène une guerre hybride et manipule les yeux de ses citoyens avec une propagande informationnelle.
Examinons plus en détail les outils avec lesquels l’agresseur essaie de satisfaire ses appétits impériaux.
Invasion d’un autre État dans le but de “protéger les droits” de la population russe
La Moldavie
Après l’effondrement de l’URSS, un État autoproclamé a émergé sur le territoire de la Moldavie indépendante : la “République moldave de Transnistrie”. Depuis 1956, la 14ème armée russe qui gardait les entrepôts d’armes et de munitions était sur son territoire. C’est elle qui en 1992, sous le commandement du général russe Oleksandr Liebied et avec des groupes séparatistes, est entrée en conflit avec la Moldavie indépendante, ce qui a abouti à la guerre en Transnistrie.
L’une des raisons du conflit était un problème linguistique, à savoir la loi de la République de Moldavie “sur la langue d’Etat” qui reconnaissait le moldave comme la seule langue d’Etat. L’ignorance de la langue d’Etat pouvait être un motif de révocation des postes de la fonction publique. Cependant la population russophone refusait de maîtriser la langue moldave et de l’utiliser dans tous les domaines et déclarait que ces faits et cette loi étaient discriminatoires.
La langue moldave
L’un des deux noms de la langue roumaine en République de Moldavie.La rhétorique sur la discrimination des russophones par la Moldavie est toujours présente dans les médias russes. Aussi, après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, le commandant adjoint du district militaire central de la Fédération de Russie, le général de division Rustam Minnekayev, a déclaré que le contrôle du Sud de l’Ukraine était un autre débouché pour la Transnistrie où la population russophone serait encore opprimée.
La Géorgie
Les russes ont agi selon le même scénario en Géorgie. Après l’effondrement de l’URSS, des parties de l’ancienne RSS de Géorgie telles que “l’Abkhazie” et “l’Ossétie du Sud” ont déclaré leur indépendance. En réponse à ces actions, la Géorgie a envoyé ses troupes dans ces territoires mais elles y ont été accueillies par une armée qui comprenait des groupes séparatistes ainsi que des mercenaires russes et tchétchènes.
La Russie prétendait maintenir la neutralité dans ce conflit mais ses services secrets ont en réalité aidé les séparatistes abkhazes avec des troupes et du matériel. Les hostilités actives ont duré de 1991 à 1993 et ont pris fin avec le contrôle de la Russie sur les États autoproclamés de Géorgie.
En 2008 s’est déroulée la guerre russo-géorgienne. Le 8 août, les troupes russes ont ouvertement envahi le territoire de la Géorgie déjà en dehors des limites des républiques non reconnues. Elles ont appelé leurs actions “opération de coercition de la Géorgie à la paix”. Les hostilités ont duré jusqu’au 12 août et se sont terminées par la défaite des troupes géorgiennes. La Russie a déclaré que ses actions étaient une réponse forcée au meurtre de soldats de la paix russes et de citoyens russes vivant sur le territoire de “l’Ossétie du Sud”. Aucune organisation internationale, y compris Human Rights Watch et IIFFMCG (Independent International Fact Finding Mission on the Conflict in Georgia) n’a enregistré ou confirmé d’attaques sur des soldats de la paix russes.
Tchétchénie
Après la chute de l’URSS, la Tchétchénie (république du nord de la région du Caucase) a déclaré son indépendance. En août 1991, le politicien tchétchène Dhokhar Dudayev a renversé le gouvernement communiste local et a créé un Etat autocratique antirusse, la République tchétchène d’Itchkérie. Le gouvernement russe n’a pas aimé ces actions et aspirations à l’autonomie car il considérait que la République tchétchène était une partie de la Fédération de Russie.
En 1994, les forces armées russes ont lancé une offensive sur la capitale du pays, Grozny. La guerre a duré deux ans. Elle s’est cependant terminée par la défaite de la Russie et la signature de l’accord de paix de Khasavyurt en 1996.
La République tchétchène a donc maintenu son indépendance jusqu’en 1999. Le 23 septembre, Boris Eltsine, alors président de la Fédération de Russie, a signé un décret “sur les mesures visant à accroître l’efficacité des opérations antiterroristes sur le territoire de la région du Caucase du Nord de la Fédération de Russie”. En septembre, la Russie envahit la Tchétchénie une deuxième fois et appelle cette action “opération anti-terrorisme”.
Vladimir Poutine qui a pris ses fonctions de président en janvier 2000, a déclaré que l’armée russe protégeait le peuple tchétchène des bandits et terroristes commettant de terribles crimes en Tchétchénie.
L’Ukraine
Photo : Maksym Dondyuk
Au stade final de la Révolution de la Dignité en Ukraine, des soldats russes sans insignes ont envahi le territoire de la Crimée et se sont emparés de bâtiments gouvernementaux. Ils ont également mis en place des points de contrôle le long de la bande reliant la péninsule à l’Ukraine continentale et ont pris le contrôle de deux aéroports de Crimée, la coupant ainsi du reste du pays.
La Révolution de la Dignité
Grandes manifestations d’Ukrainiens qui ont commencé en 2013 et se sont terminées à l’hiver 2014 avec le renversement du régime Ianoukovitch.Poutine a expliqué ces actions par l’intention de protéger le territoire de la Crimée et les personnes qui y vivent des nationalistes ukrainiens. Le président de la Fédération de Russie a également ajouté que la situation en Ukraine s’est développée de telle sorte qu’ils étaient simplement forcés de commencer à travailler sur le retour de la Crimée à la Russie.
Photo : Marko Djurica pour Reuters
La même situation a eu lieu en Ukraine de l’Est (dans certaines parties des régions de Donetsk et Louhansk). La présence de troupes russes sur ce territoire a été qualifiée par la Fédération de Russie de “mesure forcée pour défendre les intérêts de la population russophone vivant dans le Donbass”.
Avec le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, la rhétorique russe n’a pas changé. Poutine a déclaré que la soi-disant opération spéciale vise à protéger la population russophone d’Ukraine, qui serait constamment opprimée. En outre, le président et d’autres hommes d’État et propagandistes russes affirment que des toxicomanes, des néonazis et des nationalistes ont pris le pouvoir en Ukraine.
Violation des lois et des normes du droit international
La Russie ne ment pas seulement dans ses appels, mais aussi dans des accords officiels. Le pays agresseur a commis à plusieurs reprises des crimes de guerre et violé les lois internationales et les droits de l’homme.
Pendant la guerre en Géorgie, les forces russes ont mené des bombardements aériens et des attaques d’artillerie, notamment contre des écoles et des hôpitaux, elles ont utilisé des armes à sous-munitions, ont bombardé, pillé et violé la population civile. Après la fin de la guerre, en août 2008, la Russie et la Géorgie ont signé un accord négocié par l’UE qui obligeait chaque partie à cesser les hostilités et à retirer ses forces armées sur leurs positions d’avant-guerre. Cependant, la Fédération de Russie n’a pas respecté les accords et a continué d’accroître sa présence militaire dans les entités illégales (“Abkhazie” et “Ossétie du Sud”).
Après l’occupation de la ville de Grozny et d’autres régions de Tchétchénie, le comportement des troupes russes envers la population civile est resté cruel et corrompu. Les forces russes ont procédé à des arrestations et des détentions illégales, bombardé des zones peuplées, torturé et tué des civils. Des civils ont été arrêtés sous de faux prétextes, interrogés, battus et parfois jetés dans des fosses et il a été exigé des pots-de-vin de leurs proches.
En 1999, lors du sommet de l’OSCE, le gouvernement russe a finalement accepté le retrait des troupes de Transnistrie. Les accords ont été signés lors de la Déclaration du Sommet d’Istanbul, mais au final, la Russie n’a pas rempli ses obligations.
En occupant la Crimée en 2014, la Russie a violé 487 accords avec l’Ukraine, dont 407 bilatéraux et 80 internationaux. Après avoir introduit ses troupes sur le territoire des régions de Donetsk et Louhansk, la Russie a de nouveau violé l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine. De plus, depuis le début de la guerre à l’est, l’Ukraine a conclu à plusieurs reprises des accords de cessez-le-feu avec la Russie, mais le pays agresseur les a constamment violés. Et en reconnaissant l’indépendance des soi-disant “République Populaire de Donetsk” et “République Populaire de Louhansk” le 22 février 2022, la Russie a encore violé les accords de Minsk.
Après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, le nombre d’allégations de crimes commis par la Russie a considérablement augmenté. Les militaires tuent, torturent et violent la population civile ; créent des catastrophes humanitaires; ils tirent sur des journalistes, des médecins et des prêtres ; des prisonniers de guerre ont été abusés ; des armes interdites ont été utilisées et des biens culturels de l’Ukraine ont été détruits et volés.
Pseudo-référendums
Une autre méthode caractéristique de l’occupation russe est l’organisation de référendums illégaux sur le territoire des Etats indépendants autoproclamés
De décembre 1989 à novembre 1990 a eu lieu en Transnistrie un référendum sur la formation d’une République socialiste soviétique de Moldavie. Il aurait été suivi par 79% de la population du territoire, et 95,8% auraient voté “oui”. Cependant, des organisations internationales telles que le Conseil de l’Europe, l’UE et l’OSCE ont reconnu le référendum comme illégal, et tous les États membres de l’ONU considèrent la Transnistrie comme faisant partie juridiquement de la République de Moldavie. La Russie elle-même n’a pas reconnu la souveraineté de la “République moldave pridnistrienne”. Pendant ce temps, a émergé entre les Etats indépendants autoproclamés
occupés par la Russie une coalition et association informelle, appelée Communauté des États non reconnus (CEI-2). Elle comprend la soi-disant Abkhazie, la République du Haut-Karabakh (un État non reconnu dans le Caucase du Sud), la Gagaouzie (une entité territoriale autonome au sein de la Moldavie), la République moldave de Transnistrie et l’Ossétie du Sud.
Des référendums identiques ont eu lieu en Géorgie (“Ossétie du Sud” en 1992 et 2006, “République d’Abkhazie” en 1999). La Russie a aidé à falsifier les résultats des votes, qui ne sont toujours pas reconnus internationalement. Le 30 mars 2022, “l’Ossétie du Sud” a annoncé son intention d’organiser un référendum sur une adhésion à la Russie d’ici la fin de cette année.
En 2014, des pseudo-référendums ont eu lieu en Crimée et dans les régions de Donetsk et Louhansk. La soi-disant « manifestation de volonté » s’est accompagnée de violations : l’ONU, la CEI, l’UE et l’OSCE n’ont pas envoyé d’observateurs officiels, des listes manquaient dans certaines ville, des bulletins de vote ont été distribués à tous ceux qui le voulaient dans la rue, la participation au vote a été gonflée, etc. En outre, la Constitution et la législation de l’Ukraine ne prévoient une modification de la structure territoriale du pays que par le biais d’un référendum dans toute l’Ukraine.
Photo : Dan Kitwood pour Getty Images
Lors de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, les Russes utilisent des méthodes identiques et prévoient d’organiser des référendums dans les territoires récemment capturés de Tavria, Azov, Dnipro et Zaporizhzhia, et même dans Marioupol complètement détruite. La Russie prépare du matériel et des formulaires de campagne et collecte des informations personnelles lors de distributions d’aide humanitaire afin de falsifier les résultats. De plus, elle recherche à l’avance des collaborateurs dans les territoires occupés et les nomme à des postes de direction pour donner de la visibilité au travail des collectivités locales.
“Passeportisation” et mise en circulation de sa monnaie
Après avoir organisé des référendums dans les territoires occupés par la Fédération de Russie, des passeports russes sont progressivement délivrés. De cette façon, le pays occupant accentue son contrôle sur ces régions, car il « aide » leurs habitants et les « protège » de toutes les manières possibles.
En 2014, environ 200 000 habitants de la soi-disant «République moldave de Transnistrie» avaient des passeports russes (la population totale en 2020 était de 465 000 habitants). Dans les territoires occupés de Géorgie, une délivrance massive de passeports russes a commencé en 2002 après l’adoption d’une loi selon laquelle les anciens résidents de l’URSS peuvent échanger leurs passeports soviétiques contre des passeports russes. En 2021, Poutine a signé un projet d’accord avec “l’Ossétie du Sud” sur la double nationalité et sur une acquisition simplifiée de la nationalité russe. Aussi, après que la Russie a reconnu l’indépendance de l’« Abkhazie » et de l’« Ossétie du Sud » autoproclamées, des traités d’amitié ont été conclus en 2008 avec l’administration de l’occupation de ces territoires. Le document prévoit que la Fédération de Russie prendra des mesures efficaces pour soutenir et faire fonctionner le système financier des républiques, puisque le moyen de paiement sur leurs territoires est le rouble russe.
La présence de citoyens munis de passeports russes dans les territoires occupés est également l’une des raisons pour lesquelles le gouvernement russe peut justifier son agression. Ainsi, en 2019, Poutine a signé un décret simplifiant la procédure de délivrance de passeports aux résidents des soi-disant « République Populaire de Donetsk » et « République Populaire de Louhansk ». En 3 ans, environ 720 000 personnes ont reçu des documents russes dans le cadre de la procédure accélérée.
Cependant, tous les résidents ne changent pas de passeport de leur plein gré. Après l’annexion de la Crimée, 2,5 millions de personnes ont subi un changement de passeport forcé. De la même manière, les habitants de la péninsule ont été contraints de passer à la monnaie russe, entrée en circulation en mars 2014, littéralement une semaine après le pseudo-référendum.
L’introduction de sa monnaie est une autre méthode d’occupation qui crée une dépendance vis-à-vis de la Russie et coupe toutes les routes vers le pays qui possède légalement les territoires. De plus, depuis le début de l’invasion à grande échelle, la Russie tente d’introduire le rouble dans les territoires occupés du sud de l’Ukraine.
Destruction des manifestations identitaires
Dans les territoires occupés, la Russie opprime la population ethnique et implante sa propre culture.
Après la déclaration d’indépendance, la Moldavie a abandonné l’utilisation de la langue moldave avec le système d’écriture cyrillique et a adopté la langue roumaine officielle avec son alphabet naturel qui est l’alphabet latin. En Transnistrie, cependant, trois langues ont été identifiées comme officielles : le moldave avec le système d’écriture cyrillique, l’ukrainien et le russe. Malgré cette diversité, le programme de l’État autoproclamé est basé à 90% sur le russe et les écoles de langue roumaine sont dites «étrangères».
Les Géorgiens de souche vivant en Abkhazie occupée ont également un accès limité à l’éducation dans leur langue maternelle. Dans les années 1990, le programme scolaire était en géorgien dans presque toutes les écoles de la région. Depuis 1995, l’administration d’occupation abkhaze a introduit le russe comme principale langue d’enseignement. Cela a créé des obstacles à l’éducation, car la plupart des enfants d’âge scolaire ne parlaient pas du tout le russe.
La Russie poursuit également une politique de destruction de la conscience ethnique des citoyens de Crimée. Déjà à l’époque de l’URSS, les habitants indigènes de la péninsule, les Tatars de Crimée, ont été déportés en masse. Actuellement, la Russie relocalise des citoyens de la Fédération de Russie en Crimée et expulse de force des citoyens ukrainiens qui n’ont pas reçu de passeport russe de la péninsule. Depuis l’occupation russe, de nombreux crimes ont été confirmés sur la base de l’appartenance ethnique : les autorités persécutent, kidnappent, détiennent illégalement et torturent les Tatars de Crimée.
De plus, les occupants tentent de former une identité militarisée russe chez les jeunes de Crimée et de promouvoir un “avenir radieux” dans l’armée ou au FSB. Le programme scolaire est conforme aux décrets du ministère de la Défense de la Fédération de Russie.
Depuis le début de 2017, un fond spécial “Centre russe” a été mis en place dans les territoires occupés de Donetsk, de Louhansk et de Crimée. L’organisation a mené des activités «d’intégration» et a essayé de mettre en œuvre les normes d’éducation russes avec des faits historiques déformés et a envoyé des enfants dans des camps russes militaires et patriotiques. À l’été 2020, les “Républiques populaires de Donetsk et Louhansk” autoproclamées, auparavant bilingues, ont annoncé le russe comme seule langue officielle.
Ces méthodes sont aussi utilisées par les Russes depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Dans les territoires temporairement occupés du sud de l’Ukraine, certaines écoles sont obligées de passer à un programme en langue russe. Les occupants mènent des activités de propagande, changeant les panneaux ukrainiens en panneaux russes, reconstruisant des monuments à Lénine et détruisant des manuels sur l’histoire de l’Ukraine.
Créer une dépendance
Une caractéristique commune à tous les quasi-État réside également dans le soutien de la Russie dans la direction de leur politique étrangère et l’absorption économique. Par exemple, la Russie est aujourd’hui le plus grand partenaire commercial de “l’Abkhazie” et pratiquement le seul partenaire de “l’Ossétie du Sud”. Selon un rapport de l’International Crisis Group, 80 % de tous les biens de consommation en “Abkhazie” sont importés de Russie. Une autre étude montre qu’en 2011, 64% des importations abkhazes (principalement du carburant et de la nourriture) provenaient de Russie.
L’activité économique de la Russie dans la “République d’Abkhazie” ne se limite pas au commerce. Ces dernières années, la propriété ou le contrôle d’importants actifs locaux économiques et infrastructurels ont été transférés et l’économie “abkhaze” s’intègre progressivement à l’économie russe. La situation est similaire en Transnistrie : certains politiciens russes investissent dans l’industrie de la “République Populaire de Transnistrie” et de nombreuses entreprises transnistriennes appartiennent à des entreprises russes. Les relations économiques extérieures de la république autoproclamée sont compliquées du fait de sa non-reconnaissance internationale, et que son principal partenaire commercial est la Russie.
En raison de cette dépendance vis-à-vis de la Fédération de Russie, les nouveaux États commencent à décliner. Ainsi, en Crimée, seulement dans les trois premiers mois après l’occupation, le taux d’exportation a chuté de 19,9 fois et le taux d’importation de 15,5 fois. Dans les territoires occupés de Donetsk et de Louhansk, un an après l’occupation, l’économie était d’environ à 20 à 50 % de son niveau antérieur. Nous observons la même chose avec l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie. L’économie dans les territoires temporairement occupés de l’est et du sud est suspendue, les agriculteurs y sont simplement obligés de jeter les biens qu’ils cultivent de leurs propres mains, car il n’y a personne à qui les vendre.
Isolement des médias indépendants et propagande
La propagande et le blocage de l’accès à l’information est un moyen d’influence sur les populations et un outil de guerre de l’information. C’est pourquoi les principales sources d’information dans les territoires occupés sont la télévision russe.
Par exemple, en “Abkhazie”, il n’y a presque pas d’accès à la télévision géorgienne et les médias locaux sont entièrement contrôlés par les autorités russes. En “Ossétie du Sud”, les médias géorgiens sont presque inactifs, à l’exception du radiodiffuseur d’État et de l’agence de presse, qui diffusent des informations principalement en russe. Les médias les plus courants y sont les chaînes de télévision et de radio de Moscou.
Les chaînes moldaves sont complètement bloquées en Transnistrie. Il existe également des cas connus où l’administration d’occupation a persécuté des journaux indépendants et des journalistes moldaves.
La répression des journalistes a également été confirmée en Crimée : depuis l’occupation, la liberté de mouvement des journalistes est sévèrement restreinte, les détentions arbitraires et illégales sont courantes, la répression des médias tatars de Crimée et les accusations infondées de terrorisme et d’extrémisme sont monnaie courante.
Aussi les médias des territoires occupés de Donetsk et de Louhansk ont diffusé non seulement des messages de propagande russe, mais aussi des mensonges éhontés. Ainsi, en 2019, l’ONG “Institute of Mass Information” a constaté qu’une nouvelle sur cinq concernant l’Ukraine contenait des “fake news” ou des faits douteux. Ces médias ont surtout écrit de manière positive sur le gouvernement russe.
La Russie bloque l’accès aux médias indépendants afin d’influencer la population locale et de lui « laver le cerveau » avec des messages de propagande. Nous le voyons lors de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Dans les territoires temporairement occupés, les Russes désactivent la radiodiffusion ukrainienne, ainsi que les communications mobiles et Internet, afin d’isoler complètement les territoires de manière informationnelle et d’essayer de réduire le niveau de résistance. Les médias russes y ont diffusé des récits selon lesquels “Kherson n’est plus l’Ukraine”, que “de moins en moins de gens vont aux rassemblements de protestation” et que “l’oblast de Kherson a finalement été libéré des nazis”.
Répression et coercition
L’une des caractéristiques de la Fédération de Russie en tant que pays agresseur est l’influence illimitée de la force coercitive et le contrôle important de la police et des services spéciaux sur la société. Déjà à l’époque de l’URSS, la Russie utilisait des méthodes strictes pour contrôler la population. Désormais, l’héritière du “grand empire” n’a rien inventé de nouveau et continue de tout décider par la force.
La guerre de 2008 a entraîné l’expulsion des autorités locales géorgiennes et de nombreux civils géorgiens de souche de leurs territoires. De nombreux détenus ont décrit des mauvais traitements pendant leur détention. Ils ont été gardés dans des sous-sols, forcés à travailler, à creuser des tombes et à enterrer des corps, et à nettoyer les rues des débris de construction des hostilités.
En “Abkhazie”, les Géorgiens de souche sont victimes de discrimination et d’inégalité d’accès à l’éducation et aux services publics. Ils sont aussi harcelés par la police . Fin 2019, des modifications ont été apportées au Code pénal, stipulant que les citoyens peuvent être emprisonnés jusqu’à 15 ans pour “avoir agi contre la souveraineté de l’Abkhazie” et avoir discuté d'”accords anticonstitutionnels” concernant le statut politique de “l’Abkhazie”.
Le contrôle sans restriction par les services spéciaux est répandu en Tchétchénie : rien qu’en 2017-2020, les forces de sécurité tchétchènes ont arrêté, emprisonné et torturé plus de 150 personnes. La plupart d’entre eux seraient homosexuels ou bisexuels. La Russie refuse d’enquêter sur ces crimes.
Des milliers de violations des droits humains ont été documentées en Crimée temporairement occupée depuis 2014, notamment des raids et des perquisitions par les forces de sécurité russes, des enlèvements et des emprisonnements politiques.
Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, les Russes enlèvent dans les territoires temporairement occupés d’anciens agents des forces de l’ordre et d’anciens employés des services spéciaux, certains fonctionnaires, des personnalités publiques, des journalistes indépendants et des militants, et persécutent leurs familles. Ils sont emmenés dans des «camps de filtration», maintenus dans des cellules d’isolement dans des conditions inhumaines, interrogés, battus et torturés.
En outre, des enfants dont les parents sont vivants sont emmenés en masse depuis les territoires ukrainiens et adoptés. Poutine a même signé un décret spécial sur une procédure simplifiée d’octroi de la citoyenneté russe aux orphelins d’Ukraine et des territoires contrôlés illégalement.
Depuis longtemps, la Russie pratique les techniques de prise de territoires selon la même méthodologie. Malheureusement, l’histoire se répète constamment, car le pays agresseur ne voit pas d’obstacles significatifs devant lui et continue de détruire d’autres États. C’est pourquoi l’Ukraine et le monde entier doivent résister à cette agression injustifiée et faire le maximum d’efforts pour l’arrêter une fois pour toutes.