Pourquoi faut-il soutenir l’Ukraine en donnant des armes

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Une guerre à grande échelle au milieu du continent européen au 21e siècle a surpris le monde civilisé. Pendant un certain temps, les responsables politiques de différents pays ont été paralysés par l’incompréhension de la situation, la peur de la Fédération de Russie et l’indécision d’aider l’Ukraine. Toutefois, lorsque la communauté internationale a vu la résistance des Ukrainiens et les crimes de l’armée russe, elle a commencé à aider l’Ukraine avec des armes défensives et plus tard offensives. De temps en temps, même maintenant, les politiciens pro-russes affirment qu’une augmentation des approvisionnements incitera Poutine et l’armée russe à des actions plus violentes. Les Ukrainiens comprennent et prouvent chaque jour au monde que pour établir la paix (et cela ne peut se faire sans la victoire de l’Ukraine), nous avons besoin d’armes lourdes.

Depuis le 24 février 2022, au moins 50 pays ont participé au soutien de l’armée ukrainienne avec du matériel et des armes. Parmi eux figurent l’Australie, la Belgique, la Grande-Bretagne, la Grèce, le Danemark, l’Estonie, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie, le Canada, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Norvège, la Macédoine du Nord, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, les États-Unis, la Turquie, la Finlande, la France, la Croatie, la République tchèque, la Suède, le Japon. Et si les dirigeants de certains pays hésitaient à aider en fournissant des armes, après une visite en Ukraine, où ils ont vu les conséquences des crimes de guerre de la Russie de leurs propres yeux, leur opinion a changé. Malgré cela, selon le Vice-Ministre de la défense de l’Ukraine pour l’approvisionnement Denis Sharapov, depuis le 17 juin, l’aide des partenaires internationaux couvre environ 10 à 15 % des besoins réels de l’armée ukrainienne.

Libérer les terres ukrainiennes des occupants. Qui est contre?

Dans le monde de l’information, il y a une opinion qui circule selon laquelle l’Ukraine est déjà trop militarisée, et que par conséquent cela irrite Poutine encore plus. C’est pour cela, par exemple, que le gouvernement hongrois ne prévoit pas de se joindre aux livraisons d’armes européennes, car il craint que cela ne fasse des Hongrois vivant en Transcarpatie l’une des cibles des bombardements russes. Le politologue américain Ryan Menon, dans son malheureux article d’avril pour The Guardian, a prédit des conséquences catastrophiques au soutien de l’Ukraine : il a dit que l’agression russe s’intensifierait, et donc que les victimes parmi la population ukrainienne augmenteraient; que les flux de réfugiés augmenteraient; et que la Russie « frapperait en réponse » les États amis de l’Ukraine.

Certains Européens s’inquiètent de la hausse des prix de l’énergie provoquée par la guerre, d’autres conseillent à l’Ukraine de s’asseoir à la table des négociations et de céder les territoires en faveur d’une fin plus rapide de la guerre et de l’avènement de la paix. Cependant, les partisans de ce « pacifisme » ne remarquent pas la cause principale de la guerre: les ambitions impériales des Russes et le désir de conquérir le plus de colonies possible.

Certains sont prêts à donner de l’argent, mais seulement pour les besoins humanitaires, craignant la militarisation du monde (en particulier, cette position est exprimée par les féministes européennes, tandis que les féministes Ukrainiennes appellent cela l’ignorance de la réalité objective et le privilège de conserver la neutralité, choix que l’Ukraine et ses citoyens n’ont pas s’ils veulent rester en vie).

Il y a aussi un problème avec les fondations caritatives internationales : l’argent qui est transféré là-bas n’arrive pas toujours à ses destinataires au bon moment. Une analyse de Humanitarian Outcomes (une organisation qui aide à améliorer le travail des missions humanitaires partout dans le monde grâce à la participation de scientifiques, de technologies et d’innovations) a montré que depuis le mois de février, des personnes du monde entier ont donné plus de 2,15 milliards de livres sterling aux organisations internationales (UNICEF, Comité international de la Croix-Rouge, etc.) pour répondre aux besoins humanitaires de l’Ukraine, mais que, en mai, 85 % de ce montant n’avait toujours pas atteint l’Ukraine. L’organisation explique que cela est dû à la bureaucratie interne et à l’anomalie de la situation. Au lieu de cela, les organisations locales couvrent une grande partie des besoins humanitaires en Ukraine, la plupart d’entre elles rendent régulièrement compte de leurs dépenses. Par exemple, la Croix-Rouge ukrainienne a aidé plus de 4 millions d’Ukrainiens depuis le 24 février. La société de bienfaisance “Des Voix des enfants” a aidé 6200 réfugiés à se nourrir au cours du seul mois de juin. La plateforme d’information Support Ukraine Now a rassemblé une liste d’organisations et de fondations qui aident l’Ukraine dans diverses directions.

Mythes sur l’armement de l’Ukraine

Les personnes qui s’opposent à aider les Ukrainiens avec des armes font généralement appel à des arguments qui sont en réalité des mythes. Voyons où les relations de cause à effet sont faussées.

«L’augmentation de l’aide militaire à l’Ukraine va susciter la colère de Poutine et de son armée et engendrer encore plus de violence !»

C’est une thèse de propagande russe qui tente d’effrayer le monde et de forcer les pays à ne pas fournir d’armes à l’Ukraine. En fait, l’aide de l’armée ukrainienne aidera à sauver la vie des civils : un bataillon bien équipé peut protéger une zone d’habitation, les gens n’auront pas à fuir et n’auront donc pas à chercher d’aide humanitaire et d’abri.
Et encore plus d’armes sont nécessaires pour libérer les territoires ukrainiens temporairement occupés de sorte que leurs habitants puissent y retourner par la suite.

La seule arme qui apporte encore plus de violence est l’arme russe. Et la réalité a prouvé à maintes reprises que les troupes russes peuvent commettre des crimes et des attaques terroristes contre des Ukrainiens sans raison.

«Poutine pourrait utiliser des armes nucléaires. Nous devons accepter ses conditions et résoudre le problème par le biais d’un accord».

Plus de 140 jours d’offensive russe à grande échelle et des siècles d’histoire mondiale ont prouvé que le concept d’apaiser un dictateur ne fonctionne pas. Les Russes ignorent le droit international et ne respectent pas leurs propres accords : en 2014, la Fédération de Russie a capturé une partie de l’Ukraine, bloqué les négociations et violé systématiquement le droit international, y compris le Mémorandum de Budapest, selon lequel elle était censée être le garant de la sécurité de l’Ukraine. Les 30 dernières années d’histoire montrent que la Russie ne peut pas survivre sans les guerres qu’elle a elle-même provoquées. Et elle utilise des accords comme moyen d’affaiblir l’ennemi, pas de résoudre le conflit.

En Fédération de Russie, on aime faire chanter le monde par le biais de l’énergie, de la nourriture, de la crise migratoire et maintenant de la menace des armes nucléaires. Lorsque les États-Unis et leurs alliés ont parlé des conséquences pour la Russie si Poutine ose les utiliser, la ferveur du Kremlin est retombée.

«Nous ne devrions pas aider avec des armes si nous ne voulons pas une troisième guerre mondiale».

L’Ukraine se bat pour la sécurité du monde et de l’Europe en particulier, parce que les grandes ambitions des Russes sont sans limites. La Russie a menacé la Pologne de “neutraliser les menaces potentielles” si cette dernière augmente la présence des troupes de l’OTAN et avertit que la Finlande et la Suède pourraient devenir des cibles militaires pour la Russie une fois qu’elles rejoindront l’Alliance Atlantique Nord. Le Kremlin menace la Lituanie, se dit prêt à “défendre” les intérêts des Russes en Moldavie, en ignorant la souveraineté d’autres pays et s’opposant au monde civilisé. Et compte tenu de la nature hybride des guerres modernes, les Russes tentent de déstabiliser la situation dans d’autres pays avant d’utiliser du matériel militaire : par la même crise énergétique, la propagande, les tentatives d’influencer les élections démocratiques, etc.

Par conséquent, en fournissant à l’Ukraine des armes et en rapprochant ainsi la défaite de la Russie dans la guerre d’agression, d’autres pays préservent leur propre indépendance, sauvent la vie de leurs soldats et de leurs civils.

«Cette guerre n’a aucun impact sur le monde, elle est locale».

Les conséquences de l’expansion russe se font déjà sentir : le monde connaît une crise alimentaire provoquée par le blocus des ports ukrainiens. À cause du vol de céréales, des zones minées de la mer Noire et de la menace de bombardements russes, les pays qui ont besoin de nourriture ne peuvent pas l’obtenir. Les armes lourdes aideront à désoccuper les territoires (y compris les champs) et à rétablir l’accès des Ukrainiens aux ports.

«Les Ukrainiens ne savent pas utiliser les armes occidentales».

L’armée ukrainienne rejette les armes soviétiques et est prête à passer aux armes de type OTAN, a annoncé en avril le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaluzhny. Plus encore : l’armée ukrainienne doit recevoir des armes au plus vite pour lancer une contre-offensive et libérer les territoires occupés, et donc mettre fin à la guerre. Pour répondre aux besoins militaires urgents, l’armée ukrainienne peut utiliser du matériel soviétique, dont les restes se trouvent dans de nombreux pays européens (selon le Wall Street Journal, la Grande-Bretagne achète de telles armes pour l’Ukraine en Bulgarie et en Slovaquie).

Les militaires ukrainiens sont motivés, ils apprennent plus vite que prévu. C’est ce qu’a dit notamment l’ancien commandant des forces terrestres de l’armée américaine en Europe, le lieutenant-général Frederick Ben Hodges. Dans certains cas, les combattants apprennent même les principes de la technique de manière autonome, sans entraînement. Les forces armées ont maîtrisé environ 300 normes de l’OTAN avant même d’être à grande échelle.

Normes OTAN
Documents de l'Alliance (environ 1 200 unités au total) visant à assurer la compatibilité opérationnelle et technique des forces de défense.

Comment aider l’armée ukrainienne

La confiance dans l’armée ukrainienne est importante, mais la victoire nécessite une action immédiate et une aide en armes en particulier. Heureusement, tout le monde peut participer. Les Lituaniens ont collecté 5 millions d’euros en 3 jours pour acheter un drone Bayraktar pour l’armée ukrainienne. L’exemple de la Lituanie a inspiré les Polonais, qui depuis le 28 juin se rassemblent également pour acheter un drone turc pour les Ukrainiens. Il n’est pas nécessaire de collecter des millions, même de petits dons rapprochent la victoire.

– Rejoignez le flash mob ArmUkraineNow. Les fondateurs de l’initiative estiment qu’il faut rappeler aux gouvernements des différents pays de se joindre à l’armement de l’armée ukrainienne. L’initiative aide également à garder la guerre en Ukraine en vue du public et à rappeler que les Ukrainiens ont besoin de soutien. Pour participer, vous devez poster une photo avec le hashtag #ArmUkraineNow.

SaveUAlist est une initiative qui a recueilli toutes les réponses aux questions sur les armes pour l’Ukraine, les commentaires d’experts mondiaux et de politiciens ukrainiens. Renseignez-vous sur les besoins de l’Ukraine et n’oubliez pas de partager avec vos amis

– Allez à des manifestations avec des appels à vos autorités pour soutenir l’Ukraine.

– Envoyer des dons sur le compte spécial de la Banque nationale d’Ukraine pour aider l’armée.

– Faites un don à des fonds de bénévoles sûrs qui soutiennent l’armée ukrainienne : Повернись живим, La Fondation Serhiy Prytula, Razom For Ukraine, KOLO.

– Faites des reposts de campagnes d’information, des collectes d’argent pour les besoins de l’armée ukrainienne sur les réseaux sociaux et dites à vos amis pourquoi il est important de soutenir l’armée ukrainienne.

Le dossier est préparé par

L'auteur du Ukraїner:

Bogdan Logvynenko

Auteure:

Sofia Panasiuk

Rédactrice en chef:

Natalia Ponedilok

Rédactrice:

Anastasiia Serikova

Éditeur photo:

Yurij Stefaniak

Responsable de contenu:

Yana Rusina

Traductrice:

Anna Jezerska

Lesya Hudyma

Rédacteur de traduction:

Faustine Felici

Coordinatrice de la traduction:

Olga Gavrylyuk

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