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Avant 2006, les films, diffusés dans les salles sombres ukrainiennes, étaient exclusivement doublés en russe et rares étaient ceux, qui pouvaient imaginer que le doublage ukrainien soit possible. Avant 2014, il était exceptionnel de voir les films ukrainiens sur grand écran, mais maintenant ils battent des records d’entrée. Et ce n’est qu’il y a quelques années que le Centre Dovzhenko — une institution cinématographique de Kyiv, dont le but est de préserver et de faire connaître le cinéma ukrainien, s’est affirmé dans l’espace culturel national et international.

Le Centre national Oleksandr Dovzhenko ou Centre Dovzhenko est un fonds cinématographique d’État et le plus grand archive des films en Ukraine, fondé en 1994. Il contient plus de six mille films ukrainiens et étrangers. À l’époque soviétique, les archives faisaient partis de l’usine d’impression de films sur pellicules de Kiev — la seule en Ukraine et la plus grande en Europe. Aujourd’hui, le Centre englobe un centre de stockage de films, un musée du film, un laboratoire cinématographique, des archives cinématographiques, une médiathèque et une scène pour des événements. La mission principale du Centre Dovzhenko est de conserver et populariser le cinéma national. Et 2015 a marqué le début de la transformation du bâtiment du Centre en un espace public. Désormais, c’est un centre culturel et une plateforme qui accueille des événements culturels.

Cluster artistique. Іvan

Ivan Kozlenko dirige le Centre Dovzhenko depuis 2014. Pendant cette période, il a réalisé son rêve : il a converti le centre national d’archive du film en un espace d’art contemporain. Aujourd’hui, c’est un véritable pôle artistique, qui a largement dépassé les limites d’une archive cinématographique. Le centre abrite le « Wild Theater » (ONG « Stage 6 »), le laboratoire de musique « KoRa », l’atelier artistique « Institution de pensées instables », la librairie « Dovzhenko.books.cofee.cinema », le studio chorégraphique « Ruban Production ITP » et le café « Eter ».

Le premier pavillon de l’usine d’impression du film à Kiev était fondé en 1930 et fut détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1947-1948, les prisonniers de guerre ont restauré le pavillon et il est finalement devenu une partie du territoire du Dovzhenko-Center. Tous les bâtiments de l’usine étaient construits suivant un modèle soviétique typique, ce qui se reflétait autant dans les décisions architecturales que dans la fonction de cet espace. La structure industrielle avec ses énormes hangars était destinée uniquement à la duplication, l’impression et la conservation des films. L’accès au site était, bien sûr, limité. Ivan voulait moderniser le format de l’espace : le rendre ouvert, transparent et doté d’une infrastructure moderne pour les visiteurs :

— Notre objectif était de rendre les archives accessibles à tous, y compris aux personnes handicapées ; de prévoir des rampes et des ascenseurs, afin que tous puissent accéder aux différentes ailes d’un bâtiment à plusieurs étages.

Ivan Kozlenko a commencé son travail au Centre en tant que directeur adjoint en 2011. Après un changement de direction, il a présenté sa candidature au poste de directeur général. Ivan est né à Odessa et a étudié la philosophie. Pendant trois ans, il a travaillé à l’école d’art Grekov Odessa. En 2002, il a fondé le magazine « Kvadrat art-productif “Nervomètre” » (Carré du projet artistique “Nervemeter”), et en 2011 — le plus grand festival du film muet en Europe de l’Est « Les nuits silencieuses ».

Le nouveau directeur et son équipe devaient repenser la mission de l’institution. Jusqu’à présent, le fonds cinématographique fonctionnait suivant une pratique internationale largement acceptée — il conservait les films indéfiniment sur des stocks de films, faisait des copies et gagnait ses revenus de cette manière. Jusqu’en 2011, tout comme à l’époque soviétique, l’État demeurait le client principal de l’usine. Avant 1991, ces copies de films étaient distribuées en Ukraine et dans les pays voisins, la Moldavie et la Biélorussie ; après la déclaration d’indépendance, uniquement en Ukraine. Parfois, le Centre imprimait des films pour des producteurs et distributeurs privés. Néanmoins, avec l’avènement des technologies numériques, le fonds a perdu sa raison d’être et ses revenus.

Il était important de clarifier ce point pour les travailleurs afin qu’ils comprennent la pertinence de nouveaux rôles de l’institution. Ainsi, Ivan Kozlenko a commencé à réformer et à changer, en partant d’abord de la mentalité “d’usine” des travailleurs :

— C’était auparavant une ville entière ! Et puis ils (les ouvriers) ont vu, comment tout cela s’effondre progressivement. Que pensaient-ils ? Eh bien, ils pensaient que quelqu’un devait venir et arrêter ça. Vous comprenez ? C’est une psychologie, une mentalité, qui doit être changée. Mais personne, à part nous, ne pourrait y arriver. Dans ce sens, nous venons de comprendre que ce soit là l’objectif.

Aujourd’hui, 50 personnes gèrent le Dovzhenko-Center. Lorsque Ivan Kozlenko a formé sa nouvelle équipe, il a dû licencier presque autant de personnes et en amener des nouvelles, avec une mentalité différente. Les seuls travailleurs restants étaient ceux qui comprenaient les tâches globales et ne négligeaient pas « c’est-n’est-pas-mon » boulot, qui était abondant : quelqu’un devait nettoyer les pièces encombrées, disposer des déchets. Certains considéraient ces tâches humiliantes, alors seuls restaient ceux qui pouvaient penser autrement et progresser vers un objectif collectif.

Il était difficile de tourner la page pour les personnes qui avaient travaillé au Centre pendant 50 ans et qui pleuraient, car elles n’avaient nulle part où aller. Mais Ivan explique qu’il n’avait pas d’autre choix et qu’il l’a déclaré publiquement :

— Nous allons soit mourir ensemble, soit une partie de nous restera. Ceux qui sont prêts à avancer avec moi doivent comprendre qu’on ne peut plus s’asseoir près du radiateur froid, boire du thé et croire qu’on gagne de l’argent en entrant tout simplement dans l’institut.

Ivan Kozlenko a commencé à tout changer avec des gens qui le comprenaient. Le fonds cinématographique du Centre, qui n’était au départ qu’un simple dérivé du laboratoire, fut désormais étendu et servi par le laboratoire. Depuis 2017, le fonds ne produit plus de répliques, il ne tire que les soi-disant « copies de référence » afin de les conserver à vie. La nouvelle équipe a évincé les précédents locataires : entrepôts, auto-écoles, magasins et bureaux. Il était crucial de placer ici un organisme culturel, qui créera de nouveaux projets et contenus. Avant, toute lettre en langue étrangère adressée au Centre était simplement jetée, mais la nouvelle branche internationale de l’équipe a su accepter ce défi.

Aujourd’hui, le Dovzhenko-Center est un ambassadeur bien visible du cinéma ukrainien au niveau international. L’équipe du Centre a aidé à préparer un stand ukrainien pour un marché du film du Festival international du film de Berlin et pour des projections rétrospectives de Kira Muratova en Australie, en Argentine ainsi qu’au Festival international du film de Karlovy Vary ; assisté lors de projections rétrospectives ukrainiennes en France, en Allemagne, en Slovaquie et en Grande-Bretagne. Selon Ivan, le nombre de ces événements et des projections cinématographiques ukrainiens augmente chaque année :

— Maintenant, les spectacles à l’étranger sont réguliers. Nous réalisons 30 projets par an nous-mêmes et fournissons des films pour 60 ou 70 événements supplémentaires organisés par d’autres organisations. Il s’agit d’une couverture assez large du cinéma d’archives, selon les perspectives internationales.

Pour l’instant, Ivan estime que le principal défi du Centre est de transformer la routine en créativité et émotion pour continuer à intriguer et à attirer les visiteurs :

— Faire quelque chose, qui va au-delà des devoirs professionnels, c’est de se redécouvrir sans cesse. Il est important que les personnes s’habituent à voir le Dovzhenko-Center comme un élément de l’itinéraire culturel de la ville, où elles peuvent toujours trouver un loisir intelligent.

Laboratoire cinématographique. Oleksandr

Le laboratoire cinématographique de Dovzhenko-Center est le seul en Ukraine. Le laboratoire analyse les films et produit leurs copies numériques. Par exemple, lorsque les archives reçoivent un film étranger, qui n’est pas encore inscrit au registre, la bande sera scannée et une copie numérique sera créée pour qu’il soit possible de l’enregistrer sur pellicule quand nécessaire.

Le directeur du laboratoire, Oleksandr Bertman, raconte que souvent le traitement d’un film implique non seulement la numérisation, mais aussi des travaux de correction des couleurs et du son, de nettoyage et de restauration. C’est pourquoi le processus peut durer de quelques semaines à plusieurs années. Le laboratoire peut numériser une dizaine de films de long métrage par an :

— D’abord, nous balayons l’image, puis — séparément — le son. En combinant une image numérique et un son, nous obtenons ce « ensemble emballé » — un film.

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Le résultat, c’est un film en format numérique. On peut l’imprimer sur pellicule, ou le convertir en d’autres formats, par exemple pour faire des démonstrations dans les salles de cinéma et les festivals. Les pellicules sont traitées dans une « salle de développement » spécialisée sur trois machines. Les trois appareils ont le principe de fonctionnement similaire ; la seule différence tient au volume et à la composition chimique.

La première machine — le négatif — développe le stock négatif pour un montage ultérieur. Les techniciens essaient ensuite de ne plus utiliser le négatif, car s’ils l’endommagent, tout le matériel est perdu. Ils font donc un double négatif pour travailler avec la copie et non avec le pellicule original.

Internégatif
Une copie du négatif, destiné à obtenir de nouveaux tirages.

L’autre machine est pour le phonogramme. Sur celle-là on développe des images en noir et blanc et une phonogramme optique.

Son optique (analogique)
L'enregistrement sonore qui fait partie intégrante du film.

La dernière étape c’est travailler sur une machine positive. Elle développe le matériau avec une image colorée finale et un son. Ensuite, le film est prêt pour une projection dans les salles.

Le laboratoire analyse des films surtout pour les archives. Il y a cependant quelques exceptions :

— Ici, nous scannons les négatifs stockés dans les archives, mais il arrive parfois que nous travaillions avec des bandes modernes. Par exemple, nous avons récemment scanné les films ukrainiens « Cyborgs » et « Ivan Syla » pour projeter dans les cinémas.

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Il arrive que le Dovzhenko-Center reçoive des demandes commerciales pour développer un film, mais cela reste rare, car le processus est assez onéreux. Remplir la machine de substances chimiques coûte environ 60 000 hryvnias, sans parler du coût du traitement du matériel. En outre, une telle opération prend beaucoup de temps :

— Si l’on part du moment où l’on prépare la machine, toute la durée du processus de développement d’une pellicule est d’environ 16 heures. Dans le cas d’une circulation, nous travaillons presque sans relâche, car une fois que le développement a commencé, il n’est pas souhaitable de l’arrêter. En fait, au passé, l’usine travaillait en trois quarts de travail et produisait jusqu’à 2 millions de copies par an.

Les spécialistes du Dovzhenko-Center préparent eux-mêmes des mélanges chimiques à partir de substances spécialisées qu’ils acquièrent pour le chargement initial des machines.

Le contrôle des pellicules a lieu tous les quatre ou cinq ans. Si l’on découvre un dommage, la bande serait restaurée. Le plus grand danger pour la bande est un mycète. Pour y remédier, les techniciens du Dovzhenko-Center utilisent un réactif chimique, le paraformaldéhyde : ils le mettent dans une boîte contenant une pellicule et le laissent s’évaporer pendant deux semaines. Ensuite, une bande nettoyée est stockée séparément. Toute information concernant un film est écrite dans son dossier, qui se compose de papier de montage (codage du film par des photos et des plans), de références musicales, d’annotations du film et de commentaires des contrôleurs.

Ceux qui travaillent avec les bandes de films au Dovzhenko-Center sont des spécialistes uniques sans personne pour lui passer leurs connaissances. Nina Stepanova, directrice du registre de cinéma du Dovzhenko-Center, explique que les jeunes sont réticents à étudier ce métier et qu’aucun établissement ne l’enseigne plus :

— Nous n’avons qu’une seule jeune spécialiste — Olya. Alors que le reste des employés y travaillent depuis 40 à 50 ans, du temps de l’usine de cinéma et ils savent bien ce qu’il faut faire avec pellicule. Et c’est un problème, parce que le fonds existe et existera toujours aussi bien tant que la demande pour une telle profession persistera. Peut-être que l’État devrait s’en occuper.

Le fonds cinématographique. Nina

Le fonds du cinéma du Centre Oleksandr Dovzhenko dispose de 56 000 unités de matériel source (négatif, « contretype » — Internégatif, son ou copie de référence). Cela représente environ 6 000 films. Parmi eux, les films ukrainiens reçoivent le plus d’attention. Néanmoins, environ 4,5 mille enregistrements, stockés dans le registre, viennent de l’étranger : il s’agit de films américains, mongols et lituaniens.

Copie de référence
Une copie positive qui ne serait pas diffusée (aux cinémas).

Avec toutes les conditions nécessaires en place, le matériel cinématographique peut être conservé pendant 500 ans. D’ailleurs le fonds du Centre possède une pellicule datant de 1909. L’humidité et la température sont deux facteurs qui conditionnent la longévité des bandes. C’est pourquoi chaque jour de travail dans le fonds commence par l’allumage des lampes bactéricides et la fixation de la température et du taux d’humidité de l’air.

Nina Stepanova travaille avec des pellicules depuis déjà 50 ans :

— Eh bien, de nouvelles technologies émergent — peut-être, tout sera converti dans un format différent. Mais pour moi la bande reste encore plus proche et plus compréhensible que le « numérique », même si je ne l’exclue pas. C’est la même chose avec l’éclairage : avant l’heure, tout le monde utilisait des bougies. Aujourd’hui, elles sont surtout pour le décor ou l’ambiance. Mais elles existent toujours !

La tâche majeure du fonds cinématographique est de préserver le matériel sur n’importe quel support afin qu’il soit toujours possible d’imprimer la copie et de la numériser. Les pellicules des studios — ceux d’Odessa ou de Dozvhenko — arrivent dans des états différents, c’est pourquoi les spécialistes du laboratoire sont les premiers à travailler avec le matériel cinématographique : ils le revoient, le restaurent, le nettoient et le traitent avec le paraformaldéhyde. Le matériel est ensuite soumis à un second contrôle.

Nina Stepanova a rejoint le Centre en 1969 en tant qu’inspectrice. La directrice du fonds cinématographique appelle son travail « les coulisses du cinéma » et se rappelle avec excitation :

— Quand vous avez 18-19 ans, il est intéressant d’avoir accès à autant de films. L’aspect financier n’a jamais joué aucun rôle. D’une certaine manière, on s’y accroche et voilà. Comment ? C’est difficile à expliquer. Une fois que vous entrez dans le monde du cinéma, il est impossible d’en sortir.

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La compréhension de la vraie valeur de ce travail vient plus tard, cependant :

— Ce métier est indispensable, mais souvent sous-estimé. Peut-être que seuls les cinéastes ou les réalisateurs peuvent l’apprécier pleinement lorsqu’ils trouvent leur film : « Ahh, il a été préservé ! » — et c’est tout. Mais à un moment donné, on se rend compte que ce que l’on fait restera pour les autres, pour les jeunes, pour des années.

Musée du cinéma

Le premier musée du cinéma à Kiev a pris 4 ans de construction, car il impliquait deux tâches fondamentales, propres à la plupart des musées ukrainiens : proposer un service confortable et créer un contenu de haute qualité. La première étape a consisté à nettoyer le premier étage du centre pour l’exposition et à construire des toilettes, puisqu’il n’y avait pas d’infrastructure auparavant. Aujourd’hui, le musée bénéficie d’une zone d’accueil confortable, d’un auditorium de cinéma et d’un espace pour les enfants.

Le concept de musée se développait conjointement à l’organisation de l’espace, car les musées modernes doivent impérativement travailler avec son contenu : ne pas se limiter à réaliser des master-classes et des événements, mais les relier à l’exposition du musée.

En même temps, les spécialistes du Centre Oleksandr Dovzhenko préparaient une exposition consacrée à l’Administration du Cinéma et Photo de l’Ukraine — un organisme cinématographique, opérant de 1922 à 1930. Ce projet est devenu la première du musée dont les portes ont ouvert en septembre 2019. Pour cette occasion, des objets des collections du Centre ainsi que d’autres musées et établissements ont fait partie d’une exposition sur les accomplissements du cinéma ukrainien. Les visiteurs pouvaient y voir des photos rares, des équipements et des chroniques vidéo. La directrice du musée, Olena Honcharuk, sait que le VUFKU est un phénomène peu connu de la culture ukrainienne :

— Ils ne donnent que peu d’informations sur l’Administration du Cinéma et Photo dans les universités et les écoles n’en mentionnent pas du tout. Nous savons des noms singuliers, comme Dovzhenko, Kaufman, ou Dziga Vertor, mais sans beaucoup de détails. On pourrait donc considérer que le VUFKU est partiellement perdu à la fois comme un phénomène culturel et comme un patrimoine physique — quelque 54 % des films de fiction ont été détruits au cours de cette époque.

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Pendant les 8 années incomplètes de son existence, l’Administration du Cinéma et Photo a produit plus de 120 films. Le bloc « Perdu et Trouvé » du musée commence par le mur d’affiches. Selon Olena, ces affiches sont de beaux exemples de design et de topographie ainsi que sources des références historiques :

— Les affiches ne montrent pas seulement du matériel cinématographique ; à partir du titre, on pourra restaurer des informations sur l’œuvre. Parfois, le titre du film nous amène à trouver des films ukrainiens dans des archives des films étrangers : soit en Allemagne, soit au Japon ou dans le Gosfilmofond en Russie.

Certains appellent VUFKU un grand pavillon de cinéma parce que ses studios se trouvaient à Yalta, Odessa, Kharkiv et Kiev. Olena Honcharuk montre un mur avec un catalogue de personnalités — acteurs et ceux qui ont travaillé sur le scénario et la production. La VUFKU se composait essentiellement de personnes qui ne recevaient pas d’éducation spéciale, mais qui apprenaient le métier en cours de route. Il s’agissait de sculpteurs, d’architectes, d’ingénieurs et d’inventeurs. Pendant les années de son existence, la VUFKU a fondé sa maison d’édition — le magazine “Cinéma” — et un collège pour préparer des spécialistes :

— Le cinéma ukrainien s’est développé à partir de la littérature et traité des textes d’écrivains importants des années 20, parmi eux Mykhaylo Semenko, Geo Shkurupii, Mykola Bazhan. Même Mayakovskyi a apporté à VUFKU quelques scénarios. Pourtant, ce n’est qu’une fraction d’entre eux, qui a été conservé jusqu’à aujourd’hui.

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Olena Honcharuk explique que souligner la pertinence de ces textes aujourd’hui fut un objectif important de l’exposition. Pour cela, le musée a engagé des écrivains ukrainiens modernes tels qu’Iryna Tsilyk, Anton Sanchenko, Oleksandr Irvanets, Oleksiy Nikitin. Ils ont créé un libretto, en reprenant des textes de fiction et des scénarios des années 20 pour les actualiser à la lumière des réalités modernes. À l’époque, les livrets accompagnaient souvent la projection du film, afin que le public puisse l’interpréter correctement. Les spectateurs recevaient un livret, expliquant ce qui se passait dans le film et comment le film devait être perçu. Six telles passages adaptés étaient placés sur des panneaux transparents :

— Il semble que certains d’entre eux [les écrivains] réfléchissent déjà à utiliser cela pour créer un film moderne. De plus, par exemple, Iryna Tsilyk est une réalisatrice et elle sent ce matériel et son potentiel.

Grâce à la politique « d’ukrainisation », le VUFKU avait un statut assez privilégié. C’est pourquoi ses membres avait une certaine liberté d’expression artistique. Cependant, dans le contexte de l’Union soviétique, elle ne pouvait pas durer longtemps et, finalement, le gouvernement avait commencé à imposer des limites au produit culturel des artistes. À cause du ce contrôle total des autorités et de l’arrêt de tout processus artistique, le VUFKU a cessé d’exister en 1930 :

UKRAINISATION
Ensemble de politiques adoptées par les autorités soviétiques dans les années 1920. Elles visaient à créer des conditions favorables à la diffusion de la langue et de la culture ukrainiennes sur les territoires ethniques ukrainiens.

— L’organisme a été restructuré et rattaché à « Ukrainefilm » qui obéissait entièrement à Moscou. Toutes les pellicules et tous les films produits dans les années 20 ont été envoyés à Moscou. Et maintenant, c’est devenu une tâche énorme et compliquée pour nous de les ramener en Ukraine, mais après tout ce sont nous qui en avons le droit.

Une des salles d’exposition du musée du cinéma présente une installation numérique d’Anton Prykhodko — une vidéo, projetée au mur. Lorsque cette salle de cinéma imaginaire est vide, l’image sur l’écran devient déformée et floue. Mais lorsque même une seule personne entre dans l’espace, l’image se stabilise, laissant le spectateur apprécier le film. Ce projet montre que le cinéma a besoin d’un spectateur. Olena Honcharuk soutient que cinéma n’existent que pour le public et que cette interaction entre un film et un spectateur est essentielle :

— Quand il n’y a pas de spectateurs et on ne connaît pas le cinéma, il n’existe plus. Mais s’il y a juste une seule personne intéressée, le cinéma recommence à vivre. Alors, ce n’est pas seulement le travail d’un réalisateur, d’un opérateur ou d’une équipe de tournage, mais un processus réciproque. C’est également une contribution de ceux qui regardent le film.

supporté par

Ce matériel a été traduit par le soutien de l'Institut Ukrainien

Le dossier est préparé par

L'auteur du Ukraїner:

Bogdan Logvynenko

Auteure:

Daryna Kyrytchok

Rédactrice:

Mariia Gorbatch

Coordinatrice:

Natalia Ponedilok

Productrice,

Intervieweur:

Karina Piliugina

Photographe:

Taras Kovaltchouk

Oleksandr Khomenko

Yurij Stefaniak

Opérateur caméra:

Mykola Nosok

Pavlo Pachko

Maksym Zavallia

Oleg Sologub

Mykhaylo Shelest

Opératrice caméra:

Olga Oborina

Opératrice caméra,

Monteuse:

Mariia Terebous

Réalisateur:

Mykola Nosok

Graphiste:

Sofia Kravtchenko

Éditeur photo:

Katya Akvarelna

Trascripteur audio:

Nazarii Pankiv

Serhij Martseniuk

Transcripteuse audio:

Daryna Salo

Olia Stulii

Maryna Riabykina

Traductrice:

Nalini Ratnakar

Éditeur de traduction:

Emmanuel Graff

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