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Il y a près de 20 ans, le peintre de Mukatchevo Josyp Bartos a pris à un bail gratuit le château médiéval Saint-Miklos à Tchynadievo, en Transcarpatie. Fort d’une expérience dans la restauration et la peinture de monuments architecturaux à l’étranger, l’artiste a entrepris la restauration du château à partir de ruines et en a fait progressivement un puissant centre culturel. Maintenant Josyp et son épouse Tetiana restaurent le parc autour du château, qui, à l’époque soviétique, avait été transformé en dépôt d’automobiles et en casernes. Ils y organisent également des tournois de chevaliers et fournissent une éducation humanitaire de base à la jeunesse locale.

Selon des sources diverses, l’Ukraine avait quelque 5 000 châteaux il y a plusieurs siècles. Aujourd’hui, il en reste un peu plus d’une centaine et tous ne sont pas dans un état satisfaisant. Ces bâtiments historiques sont maintenus par l’État ou par les communautés locales. Cependant, depuis les années 2000, on a autorisé des particuliers à s’en occuper. Il s’agit d’un bail ou d’une concession, qui autorise l’utilisation à long terme de la propriété nationale ainsi qu’oblige à améliorer son état général. Cela permet de préserver le patrimoine culturel et en fait un site viable commercialement. C’est une pratique courante et réussie à l’étranger, ce qui est attirant pour les touristes et intéressant pour les investisseurs. Mais en Ukraine, les cas réussis de bail ou de concession sont rares. L’histoire de la renaissance du château Saint-Miklos, qui a commencé il y a près de 20 ans à l’initiative d’une seule personne, est toujours presque le seul exemple réussi de ce type de bail avec la préservation et la transformation simultanées de l’espace.

Construite au XVème siècle par le baron hongrois Imre Pereni, une solide forteresse de pierre a résisté à plus d’un siège ; elle a été reconstruite à plusieurs reprises. Au XVIIIème siècle le château était à l’épicentre de la guerre de libération nationale des Hongrois, qui se sont battus contre les Habsbourg. Les Allemands ont transformé Saint-Miklos en prison pendant la Seconde guerre mondiale, et les Soviétiques y ont placé le conseil de village, l’administration forestière, et ensuite des casernes. Ensuite, un dépôt d’automobiles a été construit près de Saint-Miklos, ce qui a ruiné le parc du XVIIIème siècle. Le château s’est également progressivement effondré.

Parmi les nombreux propriétaires de Saint-Miklos, la plus célèbre était la princesse Ilona Zrínyi. Ayant une bonne éducation et une connaissance de nombreuses langues, elle a maîtrisé l’art de guerre et menait la lutte de libération des Hongrois contre le règne des Habsbourg. Après la mort de son premier mari François Rakoczy, son choix s’est porté sur le comte Imre Thököly, qui, lui aussi, luttait pour l’indépendance de la Hongrie. C’est dans les murs de Saint-Miklos que l’histoire de leur amour a commencé.

Josyp

En 2001, le peintre de Mukatchevo Josyp Bartos a commencé à s’occuper de Saint-Miklos. Il a réussi à prendre le château à un bail gratuit pour la période de 49 ans. Selon lui, 75% du bâtiment médiéval était en péril. Il a quand même décidé d’essayer, vu son expérience professionnelle à l’étranger, où il avait peint et restauré des églises.

Pour la première fois, nous avons raconté l’histoire de Josyp Bartos en 2016. Il se rappelle que les dix premières années de bail, lui et sa femme Tetiana ont vécu dans les murs froids de château, dépourvus de tout confort. Une seule pièce leur servait de chambre, de cuisine et d’atelier. Mais Josyp Bartos dit que c’étaient leur dix meilleures années : une période de grands projets, de créativité dynamique et des premières étapes de restauration.

Là, quatre ans après notre connaissance, la famille Bartos a réussi à renover partiellement des pièces à l’étage, à acheter le terrain de dépôt en faillite et à emménager dans une maison plus adaptée. Ils ennoblissent également les environs en restaurant le parc du XVIIIème siècle et une écurie du XVIème siècle, en créant un temple d’art. Ils ont créé un jardin d’hiver dans la chaufferie. Par ailleurs, ils s’occupent de l’éducation des jeunes et développent le tourisme. Le couple a réussi à restaurer le monument historique, mais aussi, ils ont désormais une nouvelle mission : d’éduquer les jeunes artistes, de réunir les connaisseurs d’histoire et de beauté, et d’abriter l’art. Les maîtres du château définissent la philosophie des rencontres entre les visiteurs et le château comme une rencontre de cœurs, de visions et de valeurs.

Tetiana

La célèbre artiste, l’épouse de Josyp, Tetiana est sa plus grande aide. Avec des bénévoles, ils essayent de réveiller le château d’un sommeil léthargique depuis près de vingt ans, tout en le transformant en un centre de culture.

C’est Tetiana Petrytchko qui, un jour, a amené le peintre de Mukatchevo Josyp Bartos à Saint-Miklos. Plus tard, elle est devenue son épouse.

Tetiana a étudié l’art céramique à l’École de beaux arts d’Ouzhgorod (aujourd’hui, c’est le Collège de culture et de beaux arts d’Ouzhgorod). Ensuite, elle a obtenu le diplôme de graphiste à l’Académie ukrainienne d’imprimerie à Lviv.

Tetiana peint des tableaux, mais aussi, elle fabrique habilement des « chkryabanki » (les œufs décorés). Elle fait bouillir les œufs dans la pelure d’oignons pendant quelques heures, puis dessine un croquis avec un crayon là-dessus, ensuite elle fait des centaines de lignes avec une lame fine sur la coquille. Les dessins sur les chkryabanki de Tetiana sont plutôt inhabituels. Ce sont des portraits historiques, des plantes, des animaux, etc. Ses œuvres font partie des collections de fonctionnaires ukrainiens et étrangers.

Tetiana ne craint aucun travail : de la gravure minutieuse sur les œufs de Pâques au pavage sur les allées du parc. La femme travaille sans relâche pour le bien-être de sa famille et du château. Elle dit qu’elle doit beaucoup au raisonnement de son père :

— La chose la plus importante est la volonté. Si on a une volonté, on fera tout. C’est là le moteur. Mon père m’a appris qu’on ne devait pas avoir de l’énergie au détriment de quelqu’un, mais développer la sienne à l’intérieur.

La créatrice travaille du matin au soir. Tetiana dit qu’elle est tellement fascinée par tout ce qu’elle fait que la sensation de fatigue ne survient que lorsqu’elle va se coucher.

— J’aime tout ce que je peux faire, toutes les choses où je peux m’engager, donc, sport, dessin, tourisme, tout.

L’École du développement harmonieux

Tetiana enseigne à l’école d’art pour enfants de Tchynadievo. Quant au château, Tetiana et Josyp y ont établi un atelier de l’art alternatif, où ils enseignent la peinture et le dessin aux enfants, mais également, ils leur inculquent les valeurs humaines primordiales. Par conséquent, la famille Bartos l’appellent l’école du développement harmonieux, en s’efforçant d’en faire un véritable centre culturel de Tchynadievo. Non seulement les enfants locaux font leurs études ici ; l’école accueille aussi les enfants qui viennent des villages environnants et de Moukatchévo. Tetiana prépare les futurs étudiants à l’admission à des universités.

Il y a trois groupes d’âge dans l’atelier d’art : les plus jeunes (à partir de 4 ans) et plus âgés. Tetiana donne aux enfants la liberté de création, même s’ils obtiennent une formation académique dans leur école. Elle dit qu’ici ils peuvent développer l’imagination. Elle a son point de vue à elle sur le processus éducatif :

— Nous devons accorder notre temps d’adulte à quelqu’un pour avoir un résultat, pour que les enfants l’accordent, à leur tour, à quelqu’un d’autre.

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Outre l’atelier d’art, l’école du développement harmonieux de Bartos a une classe de musique, un club d’histoire et un groupe des langues étrangères, notamment le hongrois et l’allemand (on a également prévu l’anglais pour plus tard). On organise des camps de jeunes archéologues en été.

Le couple tâche de renverser la tendance actuelle, lorsque les adolescents se précipitent à l’étranger une fois obtenu le diplôme. La famille Bartos est sûre qu’ils peuvent avoir une base de connaissances sérieuse en Ukraine :

— Nous leur parlons des choses qu’on doit garder dans son esprit, en les cultivant et transmettant aux autres.

La restauration du parc ancien

Ils sont en train de restaurer, sur deux hectaires, le parc fondé en 1749 par le célèbre maître de parcs Franz Boschinda. Depuis longtemps, il y a un vieux châtaignier qui végète encore. Ce terrain a été acquis par le couple Bartos suite à une heureuse coïncidence.

Une fois, lors d’une visite guidée, une femme s’est approchée de Josyp en lui demandant ce qu’il allait faire si le terrain entier autour du château lui appartenait. Le patron lui a fait part de sa vision. Alors, la touriste, qui s’est avérée être avocate de Kiev, l’a aidé à préparer les documents pour l’achat du terrain. Pour cette étape importante, Josyp a contracté un prêt bancaire et a emprunté de l’argent aux gens. La vente du terrain avec la société de dépôt d’automobiles a été signé au jour de Saint Nicolas. L’artiste paie toujours cette dette.

Le couple Bartos a choisi des arbres pour le nouveau parc en étudiant les descriptions historiques. Il y en a également des espèces qui ont des propriétés médicinales, comme le bouleau, le chêne autrichien, le tilleul. Une partie du parc est déjà ouverte depuis 2019. Josyp dit que chaque pierre est importante ici, car la matière pour le pavage de chemins a été prise au village, ce qui donc donne des informations sur la géologie locale :

— Tout géologue qui s’y connaît vous racontera tout de suite, en examinant ces pierres, toutes les périodes, qui s’y sont déroulées ici il y a des millions d’années. Puisque la pierre est locale, et donc, elle raconte l’histoire de notre terre.

La stèle centrale du parc est ornée de quatre bas-reliefs avec des portraits de fondateurs et de propriétaires du château, et des sculptures de dieux antiques tout autour. On a prévu de compléter cet endroit de la figure du guerrier celtique Lator, qui a donné le nom à la rivière locale Latorytsia. Le parc même est également aménagé sous la forme d’une croix celtique, et alors les hôtes, qui respectent cette culture, veulent le préserver tel quel.

Chaque année, début mai, on y réalise un festival international de fleuristes — « L’amour à Saint-Miklos ». Une vingtaine d’équipes venant de plusieurs villes d’Ukraine et de l’étranger apportent ici 30 000 roses vivantes pour créer des compositions florales.

La végétation du parc sera complétée d’un jardin d’hiver. Le couple va l’établir dans l’ancienne chaufferie de la maison où ils ont emménagé. Pour l’instant, ils sont à la recherche d’aides et sélectionnent de jeunes plantes exotiques.

Le temple d’Apollon dans le garage

Ayant racheté le terrain du dépôt d’automobiles, la famille Bartos s’est engagée à le débarrasser des bâtiments abandonnés, mais ils ont tout de même laissé un garage :

— Nous voulions le démonter, mais il s’est avéré que sa forme et ses proportions ressemblaient à une basilique du IVème siècle. C’était incroyable ! Comment un ingénieur militaire pouvait-il construire une basilique ?! Elle manque seulement une croix et un autel.

Ainsi, dans ce garage, Josyp va aménager un temple qui ne soit pas consacré à la religion mais à l’art ; il va le nommer d’après Apollon, l’ancien dieu grec qui était le patron de la musique et le guide pour les muses.

Josyp est ravi d’avoir ce bâtiment et a de grands plans là-dessus. Non seulement le bâtiment a une excellente acoustique pour y installer un salle de concerts, mais aussi il a des murs assez larges pour que les artistes engagés par Bartos puissent les décorer de bas-reliefs en céramique et 24 tableaux de bataille sur l’histoire de la région, mesurant environ 3×6 mètres. Il rêve également d’y organiser une salle d’orgue.

— Si nous avions su ce qui nous attendait, nous ne l’aurions pas fait. Mais il n’y a plus de retour en arrière. Seulement en avant ! On va essayer de l’élever et de l’amener à un niveau pour y réaliser des événements vraiment importants.

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L’intérêt pour le temple d’Apollon est déjà là. Par exemple, en 2019, le « Game of Thrones » (d’après le livre par George Martin) a été organisé dans le château. Le bal final avec la participation d’un dragon de trois mètres a eu lieu exactement dans le temple d’Apollon. Les scénaristes et tous ceux qui travaillent dans le château se préparaient pendant 2 mois pour cet évènement. Le palais de Mukatchevo était le Château Lannister et le château Saint-Miklos était la Maison Stark. Cet événement a eu un effet sur les locaux : la fontaine qui sera installée dans le parc s’appellera « La Reine Daenerys ».

Grâce aux honoraires perçus après ces jeux, il a été possible de restaurer une des pièces dans le château et de renover le parc. Les Bartos espèrent recevoir une aide financière hongroise pour couvrir les toits du temple d’Apollon et de l’école d’art.

On établira, au temple d’Apollon, une salle pour l’escrime historique. Les gars qui s’occupent de la reconstitution historique, font déjà la réparation de la salle pendant leur temps libre.

L’Ordre de Chevaliers

Le cœur de Saint-Miklos, selon Josyp, est une salle de chevaliers avec des copies exactes de meubles de l’époque. C’est ici que les chevaliers locaux se réunissent pour s’entraîner ensuite dans le temple d’Apollon. Les connaisseurs de la culture médiévale se sont réunis à Saint-Miklos en 2008, puis, ils ont créé leur propre Ordre de chevaliers de Saint Nicolas. Ce nom a été choisi parce que Saint-Miklos veut dire « Saint Nicolas » en hongrois.

— L’activité de l’Ordre, outre les festivals, les batailles de chevaliers, c’est avant tout le développement de la culture. La culture médiévale, aussi bien que la culture universelle. Par conséquent, l’Ordre comprend non seulement des chevaliers, mais aussi des musiciens, des peintres, des écrivains, dont la contribution dans le travail est aussi important. Ce sont toutes les réalisations de cette communauté, qui a déclaré un manifeste préservant certaines valeurs de nos aïeux. C’est là leur objectif principal.

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Le château Saint-Miklos héberge une école de chevaliers et de reconstructeurs, qui donne des cours d’équitation. On y offre la réalisation de noces d’après les coutumes médiévales dans le château. Le chevalier Josyp Bartos bénit les jeunes mariés avec son épée. Il possède des copies exactes des épées Escalibur et Claymore du XIIIème siècle qu’on utilisait pour rendre la justice. La chapelle Saint-Nicolas avec des reliques se trouve à côté.

En collaboration avec des adhérents venant d’autres villes, on organise, depuis 2012, le festival international de la culture médiévale « Sribny Tatos » (nommé d’après le cheval ailé légendaire de Transcarpatie, un symbole de pureté et de noblesse, de loyauté et d’honneur — réd.). Il accueille également le festival littéraire « LiTatos », un centre de poètes, de bardes et de connaisseurs de la poésie médiévale.

Le château Saint-Miklos possède également le détachement « Syty Tatos », une unité de l’Ordre de Chevaliers qui s’occupe de la cuisine médiévale lors des festivals ou à la demande de groupes touristiques. Les recettes sont suivies selon les prescriptions de l’époque : le menu ne contient pas de pommes de terre, mais il a des épices et du vin noir de cépage local, correspondant à l’époque.

Les visites guidées

Les touristes adorent des châteaux à cause de leur esprit romantique, des légendes et des histoires de fantômes. Jossyp adhère à la même idée en tant que guide. Il est capable d’intriguer les touristes, en les menant à travers des passages secrets dans les épais murs médiévaux, et en leur racontant toutes sortes d’histoires mystiques.

L’intérieur du château est décoré en rouge foncé — la peinture a été faite à base de colorants naturels selon la recette du XVIIème siècle. De plus, toutes les pièces de Sain-Miklos sont réalisées dans des styles de siècles particuliers et ce n’est pas, selon Josyp, leur caprice créateur.

L’artiste explique : le château n’a pas d’authenticité d’une période historique spécifique, car chaque propriétaire l’a reconstruit à sa guise. Par conséquent, il était très difficile de décider quelle époque il fallait reconstituer, parce qu’en reproduisant une époque spécifique, on aurait perdu une autre. C’est pour cette raison que la famille Bartos organise le château de sorte que les gens y voyagent dans le temps :

— Ici, nous réalisons une représentation du début du XVIème siècle, et là, c’est la fin du XVIIème. Quand un visiteur arrive, il a l’occasion de voir : c’est comme ça que c’était à cette époque-ci ou cette époque-là.

Toutes les visites guidées, effectuées par les hôtes, sont gratuites, et ceux qui le souhaitent peuvent laisser des contributions caritatives. Mais Bartos améliore constamment les divertissements pour les touristes.

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Josyp parle quatre langues : ukrainien, hongrois, slovaque et allemand. Il passe donc beaucoup de temps avec des groupes de touristes. Pendant la saison touristique (d’avril à octobre), le château dispose de 6 à 7 guides à la fois. Ce sont aussi des bénévoles. La plupart d’invités viennent de l’Ukraine, et quant à des d’étrangers, il y en a des Hongrois, des Slovaques, des Autrichiens, des Allemands, des Américains, des Italiens et des Français.

— Nous pouvons non seulement faire une visite guidée, mais aussi réaliser des jeux de piste et des visites thématiques. Nous pouvons effectuer des événments de reconstitution pour les touristes, où ils peuvent participer directement : endosser une armure — soit douce ou celle de combat — et tester ce que c’est que d’avoir un coup d’épée sur la poitrine. Autrement dit, il y a des choses différentes : tirer à l’arc, goûter de la cuisine médiévale, assister à des présentations de livres (tous les écrivains transcarpathes présentent leurs livres dans cet endroit), participer au travail du club de cinéma. Nous avons plein de choses.

Josyp dit qu’ils racontent aux visiteurs une histoire traditionnelle, mais avec une couleur locale :

— Il y avait beaucoup de propriétaires ici, mais parmi ceux qui comptent, c’était la princesse Ilona Zrínyi. Les guides du château de Mukatchevo racontent à quel point elle était courageuse dans le combat. Et nous, on y raconte à quel point elle était amoureuse ici.

L’atelier d’art de Bartos

Après avoir emménagé dans le nouveau local, la famille Bartos a réalisé son rêve : ils ont établi un grand atelier d’art. Mais ils consacrent la plupart de leur temps à la restauration du château et du parc, donc il en reste peu de temps pour des activités créatrices. Ce n’est que pendant le confinement au printemps de 2020, lorsque le tourisme s’est arrêté, après de nombreuses années de pause, les artistes ont recommencé à peindre.

Leur art a sauvé l’initiative de préservation de Saint-Miklos au départ et continue d’être une source de revenus stable. En 2001, ni l’aide de gouvernement, ni les subventions étrangères n’ont même pas permis de rembourser le coût de travaux d’urgence. A cette époque, les Bartos peignaient des tableaux à la commande, quasiment sans quitter l’atelier. Par exemples, Josyp et Tetiana peignaient des copies d’œuvres de maîtres italiens des XVI-XVIIème siècles à la commande d’un hôtel pendant 18 mois. Mais l’argent gagné n’était même pas suffisant pour restaurer le toit.

Les œuvres de divers artistes se trouvent dans la salle non restaurée qui n’a pas encore de voûte. Les peintres viennent ici pour organiser des expositions, des sessions en plein air, ils offrent leurs tableaux. Une partie de l’argent reçu à ce titre sert à continuer les travaux de réparation :

— Nous pouvons affirmer avec certitude que ce château a été sauvé par les peintres. Même à l’époque où il n’y avait pas de portes ici et il y avait des dizaines de tonnes de déchets dans chaque pièce, nous avons accroché des tableaux aux murs, et nous organisions des sessions de peinture internationales en plein air qui se déroulent ici tous les ans.

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Par ailleurs, le château organise des soirées littéraires, des présentations de livres, il y a un club de cinéma art-house. On y organise des concerts de musique classique. Josyp est musicien de formation ; mais de son expérience, il également peintre, restaurateur, poète et écrivain. Il a écrit le livre intitulé « Ilona Zrínyi : La vie et la lutte » et a publié un recueil de poésies. En plus des trois festivals annuels couronnés de succès, il prévoit d’organiser des événements consacrés à la musique baroque et à la littérature moderne.

Dès le début, les gens se moquaint des plans de Josyp. Il n’a jamais eu beaucoup d’argent et les subventions obtenues étaient assez modestes. L’artiste ne compte pas sur l’aide de l’Etat, surtout que les fonctionnaires étaient très clairs là-dessus : « Désolé! Vous l’avez pris à bail, alors ce votre problème à vous, vous vous débrouillez comme vous voulez. » Cela ne l’a pas arrêté, et à l’instant il travaille pour réaliser son rêve principal. Il veut en créer un espace historique et architecturale protégé par l’État.

Selon Tetiana, leur objectif est ambitieux et important. Ils ont une idée intègre d’aménagement du château :

— On veut sauver ou reproduire le foyer qui existait près des châteaux ou qui était destiné à des personnes de grande importance. Pour que ce foyer et son contenu aient un effet harmonieux sur l’environnement, les gens, pour qu’ils puissent s’y égaler et voir que le château est vivant, qu’il a un soutien. Je pense que c’est une très bonne chose à faire.

La famille Bartos a répété l’histoire d’amour d’Ilona Zrínyi et d’Imre Thököly. La princesse et le comte se sont rencontrés ici au XVIIème siècle, alors que les deux artistes locaux s’y sont rencontrés au XXIème siècle. Cet endroit continue d’être un aimant pour des personnes sensibles, des créateurs, des gens courageux et amoureux. Les rencontres se poursuivent.

supporté par

Ce matériel a été traduit par le soutien de l'Institut Ukrainien

Le dossier est préparé par

Fondateur d'Ukraїner:

Bogdan Logvynenko

Auteure:

Orysia Chiyan

Rédactrice:

Ania Yablutchna

Productrice:

Olha Schor

Assistante de producteur:

Oleksandra Pantchenko

Natalija Vychynska

Photographe:

Yourii Stefanyak

Oleg Martchuk

Opérateur caméra:

Maksym Zavallia

Oleg Martchuk

Monteuse:

Yulia Rublevska

Réalisateur:

Mykola Nosok

Éditeur photo:

Katya Akvarelna

Trascripteur audio:

Vitalij Kravеchenko

Taras Bereziuk

Traductrice:

Yuliya Leontieva

Éditeur de traduction:

Andrij Andrusiak

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