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Depuis 2016, un mouvement citoyen de restauration du patrimoine historique appelé « Frankivsk qu’il faut préserver » a commencé à Ivano-Frankivsk. Il a été lancé par l’activiste Maria Kozakevych. Ils ont pris sous tutelle en premier lieu les anciennes portes d’entrée des bâtiments historiques. En quelques années, ils ont réussi à constituer une équipe de charpentiers, de forgerons, de vitriers qui s’occupent de la restauration et d’activistes qui diffusent l’idée. En très peu de temps, ils ont sauvé plus de 20 portes. Certaines ont dû être sorties de la poubelle et ramenées sur place au lieu des portes en plastique déjà installées.

Pour la troisième année consécutive, sous le hashtag #франківськякийтребаберегти, (Frankivsk qu’il faut préserver) des activistes pas indifférents publient sur les réseaux sociaux des photos et des informations sur les bâtiments historiques d’Ivano-Frankivsk et attirent par tous les moyens l’attention des habitants et des visiteurs sur le problème du changement d’apparence des façades autrefois magnifiques, leurs portes et fenêtres anciennes qui sont aujourd’hui, par effet de mode, remplacées par des portes blindées ou du plastique.

L’organisation s’engage à réparer une beauté esthétique à laquelle on ne prête souvent même pas attention : moulures, éléments en fer forgé, sculptures, etc. Elle montre également le « monde intérieur » de la ville, en regardant dans les cours intérieures ou les anciennes cages d’escaliers pour permettre aux gens de « se réveiller » et de voir la beauté qui les entoure. Les portes anciennes sont particulièrement primordiales pour l’organisation. Elles ne sont pas seulement une décoration pour n’importe quel bâtiment, mais sont également utiles pour ses résidents. Outre la restauration des portes, les activistes ont déjà publié un livre de coloriage interactif pour les enfants, ont développé des visites guidées et continuent de promouvoir une attitude bienveillante à l’égard de l’histoire, de l’architecture et de la culture de leur ville.

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Frankivsk aujourd’hui et l’histoire de Stanislaviv

L’initiatrice du mouvement, Maria Kozakevych, peut en dire beaucoup sur les résultats des deux années d’activité. Cependant, elle regarde les choses de façon réaliste, réalisant qu’il est impossible de tout couvrir. C’est pourquoi une petite plaque soignée avec la signature « Frankivsk qu’il faut préserver » est toujours apposée sur chaque porte restaurée :

— Le nom, il explique vraiment la situation en ville : il faut vraiment que tu commences à la préserver. C’est juste une déclaration de fait, et cela t’encourage à agir.

Par leur exemple, les personnes organisées par Maria et son mari, Yuri, montrent quels trésors sont cachés à Frankivsk, où les chercher et comment les entretenir.

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La ville même d’Ivano-Frankivsk, relativement jeune en Galicie, conserve la mémoire des fondateurs Potocki, ainsi que de la période austro-hongroise et de la ZUNR (république populaire d’Ukraine occidentale). Chaque époque a laissé quelque chose qui lui est propre : des domaines luxueusement décorés, des fondations de bastions, des églises et des immeubles. Il n’a pas été lésiné sur la fabrication de portes et de fenêtres en bois massif, auxquelles on avait accès de par la proximité des Carpates. Souvent, les artisans se sont associés pour perfectionner leur savoir-faire afin de rendre chaque menuiserie unique.

Les portes ont été faites sur commande par des familles dont les maisons ont été érigées en centre-ville. Comme beaucoup de villes galiciennes, le Stanislaviv d’alors était très multiculturel : y vivaient non seulement des Ukrainiens, mais également des Polonais, des Allemands, des Juifs et des Arméniens. Chaque culture a ajouté sa touche à la décoration des habitations et aux éléments de la vie quotidienne. Après la Seconde Guerre mondiale, tout a radicalement changé. En effet, si avant la guerre les habitations étaient en général transmises aux générations suivantes, qui se préoccupaient de ce qui avait été construit et préservé par leurs proches, après la guerre, ces bâtiments sont peuplés de nouveaux habitants :

— Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque tant de personnes y ont été tuées, oui. Les Juifs, ou les Ukrainiens ou les Polonais, sont partis. Et la composition de la population a beaucoup changé. En fait, tous ces appartements vides ont été alors occupés par des gens qui n’ont absolument aucun lien avec la ville. Et, bien sûr, ils s’y sont assimilés et sont devenus des citoyens de Frankivsk, mais ce sentiment de responsabilité, malheureusement, n’a pas encore été acquis autant qu’on le voudrait.

Donc les entrées des immeubles de pierre où vous entrez par de solides portes sculptées et avec à l’intérieur – de magnifiques escaliers en colimaçon, des lanternes lumineuses au plafond et des carreaux colorés au sol, commencent à disparaître de la vue des nouveaux résidents, car chacun semble s’enfermer chez soi et prendre soin des parties communes de l’immeuble de manière assez superficielle.

Maria et les carreaux de faïence de Mettlach

Maria Kozakevych – une femme de Frankivsk qui s’intéresse depuis longtemps à l’histoire, s’est constamment familiarisée avec les travaux sur les traditions locales et a lu divers ouvrages qui parlaient de Frankivsk à différentes époques. Pendant son congé de maternité, elle a beaucoup marché en ville. Son intérêt grandissant, elle commença donc à regarder dans les entrées des immeubles ouvertes, à pénétrer dans les cours intérieures du centre-ville et en général à regarder les détails qui ornent discrètement les façades.

Maria plaisante elle-même en disant que tout a commencé avec ce qui se cache sous ses pieds. Lorsqu’elle commença les travaux à la maison, elle a commencé à chercher du carrelage et n’a pas pu trouver exactement ce qu’elle voulait sur Internet. Les recherches l’ont menée à des motifs sur les anciens carreaux de faïence de Mettlach (son nom vient de la ville allemande de Mettlach, où ce type de carreaux a été créé) qui ont attirés son œil. Le carrelage lui-même est très durable, résiste à de nombreuses années de fonctionnement et, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, on en décorait souvent les bâtiments publics et privés. Les motifs sur de tels sols pouvaient être d’une complexité incroyable, les semelles ne glissent pas, et sa fiabilité et sa durabilité peuvent être constatées aujourd’hui encore dans des bâtiments où il repose depuis des centaines d’années. Il n’est donc pas surprenant qu’on ait voulu poser un tel carrelage durable à la maison. La plupart des sources sur ce matériau ont souligné l’historicité de cette décoration, son caractère unique et son importance dans la décoration de bâtiments anciens. Par conséquent, alors que Maria rêvait de paver le sol chez elle avec de tels carreaux, elle commençait de plus en plus à regarder ce qui se trouvait sous ses pieds dans les entrées, où la menait ses promenades et souvent elle les retrouvait – les carreaux de Mettlach.

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— On a beaucoup flâné avec les enfants en ville. J’ai regardé les porches par curiosité, et d’une part, j’étais très captivé, et toutes ces lanternes de verre, les carreaux magnifiques à motifs, les portes, les fenêtres. Et d’autre part, j’étais juste horrifié par l’état dans lequel tout cela se trouvait.

Maria a commencé à prendre des photos de ses propres pieds, debout sur de beaux carreaux de Mettlach, l’a affiché sur les réseaux sociaux pour montrer que la beauté qui restait sous les pieds tout ce temps a parfois traversé deux guerres et a changé plusieurs fois de propriétaires mais ne s’est pas estompée. Ils fascinent pas seulement de par l’esthétique, mais aussi par leurs côtés pratiques : posées par des artisans qualifiés, les carreaux de Mettlach n’ont souvent ni fissures ni rainures et peuvent donc durer encore de nombreuses années. En comparaison, les cages d’escalier, les entrées de l’immeuble et sa façade semblaient souvent plutôt négligées.

— Et ce contraste-là, si beau, oui, j’appelle souvent ces photos « la belle et la bête ». C’est comme ça quand on a ce raffinement et cette négligence et cette indifférence des gens.

C’est exactement comme cela que des promenades dans sa ville ont montré à Maria des trésors qu’elle n’avait jamais remarqués auparavant. Elle a commencé à redécouvrir Frankivsk : trouver des appuis de fenêtre en marbre, des murs décorés par des artistes, des moulures au plafond, des éléments en fer forgé dans les escaliers, les fenêtres et les portes. Elle était impatiente de partager ces découvertes, c’est ainsi que, à l’heure des technologies de l’information, elle a commencé à en parler sur sa page privée sur les réseaux sociaux, en racontant ces découvertes sous le long hashtag # Frankivskquilfautpréserver, qui a ensuite incité de nouvelles actions :

— Un groupe Facebook a été créé, et le nom est apparu « Frankivsk qu’il faut préserver ». Et avec le temps, il est devenu clair qu’il était insuffisant d’écrire à ce sujet et d’en parler. Il est nécessaire de prendre des mesures pratiques pour que la personne puisse venir, voir et sentir la différence.

Ainsi a commencé le travail sur la première porte à l’adresse Rue Kurbas, 5.

Les portes et le courage de les ouvrir

Aujourd’hui, l’initiative « Frankivsk qu’il faut préserver » s’emploie activement à restaurer les portes et les façades autour des entrées.

Maritchka connaît tout des deux douzaines de portes restaurées : de l’année de fabrication, du « diagnostic » avant la restauration à la durée et aux détails des travaux de rénovation.

— En fait, un diagnostic est donné à chaque porte, comme le donnent les médecins à l’examen d’un patient. En tant que restaurateurs, nous pouvons diagnostiquer la porte lorsque nous en enlevons la peinture. Nous pouvons alors déterminer clairement leur état et ce que nous devons faire pour retrouver leur bel aspect physique.

Les portes ne sont pas seulement une décoration de la façade, mais aussi une chose très pratique. C’est par la porte que toutes les personnes qui entrent dans le bâtiment sont en contact. De plus, c’est une protection, un stockage de chaleur et une chose très pratique pour tout le monde:

— En fait, la porte est symbolique. C’est l’entrée de la maison, c’est l’un des plus grands dominants architecturaux. Et chaque personne qui entre dans ce bâtiment touche la porte.

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Maritchka pense que l’exemple de la porte est celui qui illustre le mieux la nécessité d’une attitude bienveillante à l’égard des choses anciennes. Il ne suffit pas de raconter simplement aux gens que certaines portes sont uniques ou que le remplacement du bois par du plastique nuit à la circulation de l’air dans les bâtiments anciens. Bien qu’il soit important d’indiquer que lorsqu’il y a autant d’éléments authentiques que possible dans un appartement ou un immeuble, sa valeur est plus grande que si les éléments y sont ordinaires et banals. Par conséquent, cette cause est un encouragement direct à conserver d’autres éléments. Mais seul l’exemple pratique est le plus parlant, lorsque vous pouvez voir la différence avant et après la restauration, pour comprendre que c’est une chose positive : les avoir sauvées, pas les remplacer par des portes en plastiques. Marichka dit que cela incite déjà les résidents à adopter une attitude plus soigneuse envers l’entrée et les autres éléments du bâtiment :

— Nous avons récemment restauré l’une des portes sur la rue Shevchenko et les habitants l’ont regardée en disant : « La porte a fière allure, mais maintenant notre entrée déteint. Il est peut-être nécessaire que nous faisions des travaux dans l’entrée nous-mêmes ».

Marichka a fondé une organisation non gouvernementale pour une activité plus efficace, a commencé à attirer des entrepreneurs, à collecter des fonds parmi les résidents et à s’adresser hardiment aux autorités pour obtenir autorisations et assistance. Elle dit qu’il n’y a pas de portes difficiles d’accès, parce que on peut toujours se mettre d’accord :

— Le principal est d’oser et d’être courageux.

Au début, les gens se méfiaient souvent d’une telle initiative, car il y a eu auparavant une expérience négative : quelqu’un pouvait enlever la porte et la vendre, par exemple à l’étranger, s’il en comprenait la valeur. Mais Marichka n’avait pas peur de communiquer avec les propriétaires des bâtiments en 2016 (au début de l’activité), et maintenant, il y a beaucoup de résultats et plus de confiance. Même les gens écrivent souvent et demandent d’aider à la restauration de la porte.

Maritchka est depuis longtemps perçue dans la ville comme la personne qui connaît le mieux le secteur de la restauration, bien qu’elle déclare avoir seulement organisé autour de l’initiative diverses personnes que la préservation du patrimoine historique a longtemps préoccupé, mais qui ne sont jamais parvenues à elles-mêmes faire avancer les choses :

— J’ai une mission comme de la colle : je les colle tous ensemble, je les inspire pour qu’enfin cela arrive, cela grandisse, cela réussisse.

Aujourd’hui, environ 20 personnes sont au cœur de l’équipe de restauration. Parmi eux figurent des architectes, des historiens des traditions locales et des artisans pour chaque type de travail : forgerons, vitriers, menuisiers, plâtriers pour les moulures. Marichka et son mari, Yuri, sont principalement engagés dans le travail d’organisation, mais ils soulignent que ce sont les personnes pas indifférentes qui prennent en charge les processus de restauration, qui sont des professionnels dans leur travail, qui donnent une nouvelle vie aux portes : Rostislav Khabursky (menuisier), Serhiy Polubotko (forgeron), Valerian Fedoriak (vitrail), Oleh Senyaniv (vitrail), Taras et Dmytro Pylyponyuk (sculpteurs) et d’autres.

— Chaque porte est comme une sorte de jeu de construction. Et y travaillent plusieurs types d’artisans différents. Les menuisiers, par exemple, s’occupent de la pièce de bois, les forgerons restaurent les grilles et différents éléments, les boucles, les poignées, les serrures, les mécanismes, les verrous …

Il est important pour l’équipe de procéder à une véritable restauration, car lorsqu’on restaure un tableau ou une icône ancienne, on peint toujours la partie manquante quelques tons plus clairs afin que les gens comprennent où se trouve vraiment la partie ancienne et authentique et où se trouve la partie restaurée. Une marque est également nécessairement laissée — une petite plaque signalétique avec le logo de l’initiative qui doit se fondre parfaitement dans le décor.

C’est ainsi qu’on travaille avec les portes : les parties pourries du bois sont remplacées, les fragments perdus sont fabriqués d’après de vieilles photos ou même imaginés :

— Il n’y avait pas de grille, pas d’archives, nous ne savions pas du tout à quoi la porte authentique ressemblait et comment la restaurer. On commence alors à chercher d’autres détails, soit à l’intérieur de l’immeuble, soit à côté pour sortir de la situation. Et on a imaginé, regardez, si vous faites attention, il y a une telle clôture forgée. Nous avons simplement copié cette forme sur la clôture – c’est aussi une vieille clôture authentique – et nous l’avons simplement transférée ici sur la grille en fer forgé. Ainsi, on s’est sorti de la situation.

Donc il est très important d’être attentif aux détails aux alentours, pas seulement à la porte elle-même.

Le temps pour la restauration et d’autres ressources

Il est clair que le processus de restauration des portes anciennes prend beaucoup de temps et nécessite de nombreuses autres ressources, en particulier quand il faut travailler avec des inserts en laiton ou à la restauration d’éléments en verre à facettes.

La question des finances est toujours douloureuse :

— Maintenant, beaucoup de gens s’informent, ils veulent aussi restaurer leur porte, mais les gens ont tout de suite une question à propos des finances. Les résidents ne peuvent tout simplement pas se le permettre. Si la restauration d’une porte nécessité de 40 à 50-60 milles, nous comprenons que cette somme est difficile à rassembler.

C’est pourquoi Maritchka est actuellement à la recherche de ressources. Parfois, une partie peut être collectée auprès des résidents de l’immeuble mais cela suffit rarement donc des entrepreneurs pas indifférents sont mis à contribution, on participe à divers programmes de subventions, on informe sur le projet à différents niveaux :

— Notre 10ème porte (et c’était symbolique) est la première porte financée par le budget de la ville, car pour les portes précédentes, nous recherchions d’autres sources de financement.

L’histoire de la recherche de possibilités pour la restauration de chaque porte est unique, de même que la communication avec les résidents ou les gestionnaires d’immeubles. Maria se souvient que Zhenya, une des résidentes, souhaitait ardemment savoir le jour de l’installation de la porte. Elle lui a demandé la veille de l’appeler et de la prévenir :

— Je me suis demandé pourquoi est-ce si important pour elle de savoir. Et puis j’ai compris. Quand nous avons mis la porte, elle est sortie avec une grande boîte, et à l’intérieur un gâteau au fromage, fait maison avec des pêches, délicieux.

L’appréciation des personnes, ainsi que l’attention portée aux objets déjà restaurés, est un facteur très important. Maritchka voit souvent sur les réseaux sociaux des photos d’habitants et de visiteurs de la ville devant des portes rénovées, ce qui est certainement très encourageant.

— Le plus gros défi consiste pour les habitants eux-mêmes à s’activer et à prendre soin de leurs bâtiments.

Bibliothèque et tour de conte de fées

Un des projets que Maria Kozakevych et les participants de l’initiative mettent en œuvre conjointement avec la bibliothèque pour enfants est « la tour du conte de fées ». Car le bâtiment de la bibliothèque a une tour dans une aile, dans laquelle on peut facilement imaginer un conte de fées avec une princesse et un prince ou d’autres héros de contes de fées.

Deux projets de restauration ont déjà été mis en œuvre dans ce bâtiment. Le premier est la porte :

— Une porte en plastique avait été posée. La porte originale n’a pas été jetée. Nous l’avons donc également restauré et l’avons ramené à sa place. Pour moi, il s’agit d’une question de principe car lorsque les enfants se rendent à la bibliothèque pour s’instruire, il serait souhaitable qu’ils y entrent dans cette bibliothèque à travers quelque chose d’authentique.

Le deuxième projet consistait à reconstruire les fenêtres de la tour, que les participants à l’initiative ont renommés fabuleuse. Auparavant, elle était obstruée par du contreplaqué, c’est-à-dire que les fenêtres n’étaient même pas visibles. Mais tout a changé quand, après la reconstruction de la porte, on a demandé à la directrice l’autorisation de monter. La première impression fut frappante : c’était sale et sombre et il fallait s’éclairer avec le téléphone pour voir où on marche. Et on a trouvé trois vieux cadres de fenêtres, en bois, dont on s’est presque immédiatement occupé : ils ont été conduits à l’atelier pour être rénovés et le reste des fenêtres ont été simplement fabriqués selon leur modèle. Plus tard, on a commencé à travailler sur les vitraux.

— Pendant longtemps on s’est demandé quels vitraux faire, parce que, là encore, il y avait des questions avec des archives qui n’existaient pas, et sur les anciennes photos, de tels petits détails ressemblaient à des points noirs, et tu ne peux pas deviner à quoi cela ressemblait. Donc on a fait comme ça : nous avons trouvé le point d’or du milieu et les fenêtres, les verres – ils ont généralement la forme d’un losange, tout comme le toit en tôle, disposé en forme de losanges. Nous avons également pris la forme d’un losange pour les vitraux.

Aujourd’hui, cette tour près du monument de Mickiewicz est très bien éclairée le soir et les vitraux donnent beaucoup de couleurs colorées, ce qui crée vraiment une impression de conte de fées.

Cependant, Maria ne s’est pas arrêtée là. La bibliothèque est un lieu où les enfants devraient être intéressés de venir. Le projet « tour de conte de fée » n’est donc pas seulement une reconstruction de portes et de fenêtres, il s’agit également de l’atmosphère et des possibilités qu’offre cette bibliothèque. C’est la raison pour laquelle il est prévu d’ouvrir l’accès aux gens à la tour elle-même et à la bibliothèque de fournir un lieu confortable pour la lecture occasionnelle dont les enfants ont besoin.

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L’espace même de la place où se trouve la bibliothèque a radicalement changé en un an, confirmant que le conte de fées peut être une réalité si la communauté est activement impliquée dans la création de son propre confort :

— En raison du fait que plusieurs initiatives ont fait du bon travail ici. Une initiative a créé un terrain de jeu pour les enfants, une autre initiative a rendu toute la rue piétonne. Nous nous sommes occupés de la porte. Voici une porte, il y a une deuxième porte, dans le coin la troisième porte est en cours de restauration. En fait, l’espace a tellement changé au cours de l’année, il est devenu si confortable de marcher avec les enfants quand on n’est pas inquiet qu’une voiture va sortir de quelque part. On peut s’asseoir tranquillement en buvant un café et ses enfants jouent ici. Donc vraiment la ville commence à acquérir de telles caractéristiques confortables.

L’équipe de l’initiative est un exemple qu’être unis dans un but commun permet d’obtenir n’importe quel résultat, d’obtenir les documents dont vous avez besoin, de trouver les ressources adéquates et d’être organisé non seulement dans l’intérêt du public, mais également pour son propre plaisir.

La porte de la Tysmenytsia et pas seulement des portes

À l’été 2018, lorsque la reconstruction de la rue Lesya Ukrainka a été achevée à Frankivsk, a été trouvé un monument d’importance historique qui a unit la moitié de la ville pour travailler ensemble. Ce sont les vestiges de la porte de la Tysmenytsia, qui était autrefois la forteresse de Stanislaviv. Le but de la construction de la fortification appartenant au passé, la forteresse a été démantelée, il ne restait que la partie souterraine : un mur en pierre blanche – un albâtre, importé des montagnes de Vovtchanets près de Frankivsk. En fait, il y avait un mur que les activistes ont voulus creuser et mettre en ordre :

— En conséquence, il y avait des doutes, des hésitations, mais nous avons néanmoins réussi à convaincre les services publics et les autorités de la ville que ces choses devaient être préservés, que des fouilles archéologiques devraient être menées ici. Nous voyons aussi cette forme, si vous avez remarqué cette plaque que nous avons posée sur la porte, c’est en fait cette forme et le logo de l’initiative, c’est la forme de la forteresse de Stanislaviv. Pourquoi l’avons-nous choisie ? Parce que, si auparavant la forteresse protégeait tous les habitants, il était maintenant nécessaire que les habitants protègent eux-mêmes les antiquités.

La tour elle-même est très intéressante : la maçonnerie est verticale, parfois horizontale, et dans d’autres parties constituée d’anciennes briques (fabriquées exclusivement à la main au XV-XVII siècles et dont la surface contient plusieurs marques des doigts de l’artisan). Il y avait beaucoup de travail, cependant, lorsque la majeure partie a été creusée, il restait des actions « cosmétiques » qui doivent être faites avec des brosses. Puis ont été appelées les personnes qui ont exprimées le désir de participer aux fouilles. Et une telle archéologie pratique dans la ville natale est très excitante :

— J’ai trouvé de mes propres mains une petite pièce de monnaie appelée « Buratinka » à cet endroit, et il y avait écrit 166… une certaine année, les derniers chiffres ne sont pas visibles. On a également trouvé un croc de sanglier, donc on peut deviner que les soldats étaient autrefois assis dans la forteresse, ils ont frit leur sanglier et il reste ce croc.

On trouve également ici des carreaux, de la vaisselle, diverses pièces de monnaie et des os d’animaux. De telles recherches unissent incroyablement les gens et mettent à jour l’histoire :

— C’est-à-dire qu’en plus de notre initiative, il existe des archéologues, des historiens locaux de l’association « Ma ville ». Les services publics concernés se sont joints car il y avait besoin d’excavateurs, de perceuses, ils sont venus, ils ont aidé, il était nécessaire d’enlever la terre. Même des gens ordinaires qui venaient apporter du café avec des croissants se sont joints à nous.

L’initiative citoyenne a été reprise par divers activistes qui, unis, ont procédé à des fouilles pendant un mois et demi, avant de rédiger un rapport archéologique et de développer l’idée de la valorisation de la découverte. Le plan consiste à couvrir le mur avec un dôme en verre, à en faire un espace public à regarder et à utiliser comme un lieu pour la communauté : avec des stands d’information et la possibilité de venir ici avec des enfants et des amis.

L’initiative « Frankivsk qu’il faut préserver » ne se limite pas à la restauration des portes, à l’archivage ou à la diffusion d’informations sur l’importance historique du patrimoine urbain, elle montre également à quel point chaque élément du processus d’équipe est important:

— L’un des succès, selon moi, de l’initiative « Frankivsk qu’il faut préserver », c’est que nous racontons chaque étape, montrons. C’est-à-dire chaque étape, depuis le démontage de la porte, de la communication avec les résidents, chaque étape de la restauration : ici on a retiré la peinture, fabriqué une nouvelle poignée, des choses comme ça, puis nous avons installons la porte. Les gens suivent cela, les gens sont toujours à jour, les gens peuvent demander, conseiller, se joindre, aider.

En termes d’objectifs et de plans, Maria et l’équipe n’ont tout simplement pas de limites, car quelque chose inspire des pas audacieux et conduit à des actions qui semblent à première vue désespérées, mais unit toute la grande équipe – l’amour pour leur propre ville.

— Le plus grand objectif est d’infecter tout le monde avec cet amour!

Le dossier est préparé par

L'auteur du Ukraїner:

Bogdan Logvynenko

Auteure:

Sofia Anjelouk

Rédactrice:

Kateryna Lekhka

Productrice:

Olha Schor

Photographe:

Khrystyna Kulakovska

Opérateur caméra:

Pavlo Pachko

Maksym Zavallia

Monteur:

Roman Lypak

Monteuse:

Olya Tchernyk

Réalisateur:

Mykola Nosok

Éditeur photo:

Yulia Kotchetova-Nabozhniak

Transcripteuse audio:

Anna Lukacevytch

Traducteur:

Adrien Louvet

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